Les travailleurs.euses informel.le.s – pour la plupart des jeunes et des personnes moins éduquées – sont confronté.e.s à des conditions de travail précaires, à des revenus instables et n’ont pas accès aux systèmes de sécurité sociale. Cela les rend particulièrement vulnérables, d’autant plus dans le contexte de la crise sanitaire actuelle. Dans la région MENA, deux tiers des emplois sont considérés comme informels, contre 25% en Europe.
Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), 89% des travailleurs.euses informel.le.s dans les États arabes et 64% en Europe sont « touchés de manière significative » par la pandémie. Ces travailleurs.euses risquent davantage de sombrer encore plus dans le sous-emploi, la pauvreté au travail ou le chômage après le COVID-19.
De nombreux gouvernements de la région fournissent une assistance sociale pour atténuer le choc socio-économique déclenché par la pandémie et pour protéger les travailleurs.euses formel.le.s des secteurs public et privé. Cependant, les travailleurs.euses du secteur informel risquent de ne pas être en mesure de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille sur le plan économique, beaucoup ont risqué leur santé et celle des autres en essayant de gagner un peu d’argent pendant le confinement. Ils.elles ne sont pas organisé.e.s collectivement en syndicats pour défendre leurs droits et leur protection.
Pourtant, un certain espoir persiste. Au Maroc, où les femmes représentent près de la moitié des travailleurs.euses agricoles, une toute nouvelle négociation collective et la négociation d’un contrat syndical garantissent désormais l’accès au congé de maternité, un salaire égal pour un travail égal et l’accès aux soins de santé. Il s’agit d’une réussite majeure étant donné que le secteur agricole est le plus grand employeur de personnel féminin dans la région MENA, fournissant principalement du travail informel, privant ainsi les femmes de tout avantage lié à l’emploi formel. D’autres gouvernements dans le monde ont adopté des mesures d’aide financière innovantes pour aider les travailleurs.euses du secteur informel. Ces mesures restent toutefois largement temporaires.
Les programmes de sécurité sociale dans la région MENA restent fragmentés. Les régimes d’allocations de chômage n’ont pas été efficaces, notamment en raison du nombre élevé d’emplois informels, ce qui limite la source de revenu des travailleurs.euses. Les pays d’Afrique du Nord ne consacrent qu’environ 7,6% de leur PIB aux politiques de protection sociale, malgré des taux d’inégalité alarmants. La crise du COVID-19 offre l’occasion d’intégrer progressivement les travailleurs.euses informel.le.s dans le secteur formel, d’étendre les prestations de chômage et les régimes de sécurité sociale pour alléger le fardeau de la crise sanitaire et économique actuelle.
Le travail de soins non rémunéré et sous-rémunéré des femmes, les inégalités socio-économiques croissantes et l’absence de filets de sécurité sociale pour certains groupes de la population dans la région euro-méditerranéenne sont des thèmes qui seront abordés au cours d’une série de webinaires organisés par EuroMed Droits en juin et juillet. Rejoignez-nous pour en savoir plus.