Dernières nouvelles sur la migration
Sur la route
Faits marquants récents
Entre le 2 et le 3 avril, l’ONG SOS Humanity a mené deux opérations de sauvetage au large des côtes tunisiennes. Une première embarcation en bois transportait une cinquantaine de personnes, dont des mineur.e.s non accompagné.e.s, des femmes et des nourissons. La seconde dérivait depuis trois jours avec 40 personnes à bord. Malheureusement, l’une d’elles était déjà décédée à l’arrivée des secours. Le samedi 5 avril, le navire Life Support de l’ONG italienne Emergency a porté secours à 215 personnes lors de trois opérations distinctes dans la zone SAR libyenne. Parmi elles se trouvaient 53 femmes et 83 mineurs isolés, originaires notamment d’Érythrée, de Somalie, du Bangladesh, du Cameroun, du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, du Ghana, du Mali et du Bénin. D’après les rescapés, 14 personnes seraient tombées à l’eau avant l’arrivée des secours. Le même jour, le collectif espagnol Maydayterraneo a sauvé 108 personnes, dont 13 femmes et 13 enfants. Plusieurs d’entre elles souffraient de déshydratation, d’épuisement et de troubles respiratoires. Le dimanche 6 avril, après 52 heures de dérive, 28 personnes, dont 12 mineur.e.s, ont été secourues par l’ONG Mediterranea Saving Humans. Toutes étaient parties des côtes libyennes. Au total, entre le 2 et le 6 avril, 439 personnes ont été secourues en Méditerranée centrale par quatre navires humanitaires alors qu’elles tentaient la traversée à bord d’embarcations de fortune.
Par ailleurs, le 15 avril, l’Unicef a publié un rapport indiquant qu’entre 2014 et 2024, 3500 enfants sont morts ou disparus en traversant la Méditerranée centrale soit une moyenne d’un décès par jour pendant 10 ans. Le rapport spécifie également que 7 enfants sur 10 voyagent sans leurs parents.
Sur la route de la Mediterranée orientale, le 3 avril, sept corps, dont ceux de deux enfants, ont été retrouvés en mer Égée, tandis que 23 migrants ont été secourus et transportés à l’hôpital après avoir été retrouvés à bord du même bateau. Partis depuis la Turquie, ils cherchaient à rejoindre l’île grecque de Lesbos.
Tout comme les tragédies, les traversées de la Manche se sont multipliées durant ce mois d’avril. Du 12 au 13 avril, cinquante personnes ont été secourues alors qu’elles tentaient de traverser la Manche pour rejoindre l’Angleterre. Et un jour auparavant, le 11 avril, le corps sans vie d’une femme a été retrouvé dans un camp de fortune près de Dunkerque.
Nouvelles positives
- Le 25 mars, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la Grèce à la suite du meurtre d’un mineur irakien, le 29 août 2015, tué d’une balle par un garde-côte lors d’un contrôle de bateau en mer. La Cour a estimé que les gardes-côtes n’avaient pas fait preuve de la « vigilance requise ».
- Le 21 mars, le Conseil d’État grec a rendu une décision interdisant au pays de considérer la Turquie comme un pays sûr pour les réfugiés originaires d’Afghanistan, du Bangladesh, du Pakistan, de Somalie et de Syrie. Jusqu’à présent, la Grèce rejetait systématiquement toutes les demandes d’asile de ces ressortissant.e.s, en niant les violations des droits humains en Turquie.
Actualités de l'UE
- Le 16 avril, les autorités polonaises ont retrouvé deux corps sans vie dans une rivière à la frontière entre la Pologne et la Russie. D’après les premiers résultats de l’enquête, les autorités polonaises estiment qu’il pourrait s’agir de personnes migrantes ayant tenté de traverser illégalement la frontière. Les gardes-frontières ont par ailleurs rapporté avoir secouru treize personnes originaires d’Afghanistan, de Syrie et du Pakistan au cours des dernières 24 heures dans la rivière Bug.
- Le 16 avril, la Commission européenne a présenté sa première liste de pays d’origine dits “sûrs”. Les demandes d’asile déposées par des ressortissant.e.s de ces pays seraient ainsi traitées plus rapidement, avec un risque accru de rejet. Cette liste inclut l’ensemble des pays candidats à l’adhésion à l’Union européenne — à l’exception de l’Ukraine — considérés par la Commission comme remplissant les critères pour être qualifiés de pays d’origine “sûrs”. Sept autres pays y figurent également : le Kosovo, le Bangladesh, la Colombie, l’Égypte, l’Inde, le Maroc et la Tunisie. En qualifiant l’Égypte, le Maroc et la Tunisie de pays “sûrs”, la Commission passe notamment sous silence les menaces, arrestations arbitraires et persécutions que subissent les militant.e.s, journalistes et défenseur.euse.s des droits humains dans ces pays.
- Lors du sommet Med5 qui s’est tenu à Naples les 11 et 12 avril 2025, les ministres de l’Intérieur des cinq pays méditerranéens de l’UE (Italie, Espagne, Grèce, Chypre et Malte) ont appelé à renforcer Frontex et à conclure davantage d’accords avec des pays tiers pour faciliter les retours de personnes migrantes.
Pays
La manie du retour
Cartographie des politiques et pratiques dans la région EuroMed
La recherche fournit une vue d’ensemble des politiques et pratiques de retour actuelles dans la région euro-méditerranéenne et met en lumière les violations des droits humains qu’entraîne cette « obsession du retour », qui est partagée par les États membres, les institutions de l’UE et les pays tiers. Le rapport couvre les politiques et pratiques nationales en matière de retour dans les régions du Machrek et du Maghreb, en se concentrant sur les retours de Turquie et du Liban vers la Syrie, et sur les accords de réadmission entre l’Italie et la Tunisie, l’Espagne et le Maroc ainsi que la France et le Maroc. Il examine également les retours d’Allemagne et d’Italie vers l’Égypte. Lire la suite