A la veille de la réunion des ministres des Affaires étrangères à Bruxelles, le 25 juin, le Réseau euro-méditerranéen des Droits de l’Homme (REMDH) appelle l’Union européenne (UE) à manifester une volonté politique forte pour mettre en œuvre, un an après son adoption, sa nouvelle politique à l’égard de ses voisins du Sud de la Méditerranée, de sorte qu’elle se traduise systématiquement en actes concrets en faveur des droits de l’Homme, de la démocratisation et de l’égalité hommes-femmes.
A l’occasion de la réunion du 25 juin, le REMDH exhorte les Etats membres de l’UE à examiner la mise en œuvre de la » Nouvelle approche de la Politique européenne de voisinage « . L’UE doit apporter la preuve qu’elle se fixe des objectifs clairs et s’engager à agir de façon à confirmer ses déclarations relatives à un changement de politique à l’égard des pays du Sud-méditerranée.
Le REMDH tient à attirer l’attention sur les importantes lacunes de la mise en œuvre du récent « Paquet PEV ». Certains voisins du Sud, comme la Jordanie, l’Egypte ou l’Algérie restent une source de graves préoccupations. En ce qui concerne le cas algérien, par exemple, le REMDH – et ses membres algériens – ont alerté à plusieurs occasions les représentants de l’UE sur la détérioration de la situation des droits de l’Homme dans ce pays ainsi que sur l’absence de réformes véritables en Algérie, ce qui contraste très nettement avec l’évaluation positive, par l’UE, de la situation dans le pays. L’UE ne peut pas – et ne doit pas – fermer les yeux sur les violations des droits de l’Homme actuellement commises en Algérie.
L’approche donnant-donnant (ou « more for more ») de l’UE est une stratégie incitative visant à soutenir les partenaires de l’UE qui entreprennent des réformes favorables à la démocratie et aux droits de l’Homme. « Lorsqu’elle met en place cette politique, l’UE doit clairement fonder son évaluation sur les progrès effectivement réalisés en matière de démocratisation, de droits de l’Homme et d’égalité hommes-femmes », a déclaré Michel Tubiana, Président du REMDH.
Le REMDH est préoccupé par le fait que cette « nouvelle approche de la PEV », telle qu’elle se présente actuellement, ne prend pas en compte les conflits prolongés qui sévissent dans la région. Cette approche n’a pas permis de faire cas systématiquement des violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire (DIH) perpétrées par Israël dans les Territoires palestiniens occupés. Le Conseil de l’Union européenne doit donc faire figurer explicitement le respect des droits de l’Homme et du DIH dans tous les instruments de la PEV, de même que dans les modalités de leur mise en œuvre.
De la même façon, les engagements pris par l’UE de déployer tous ses efforts pour soutenir les droits des femmes et assurer l’intégration de la dimension genre dans toutes les activités de coopération pertinentes doivent se traduire en objectifs concrets et mesurables.
En ce qui concerne l’engagement de l’UE envers un « partenariat avec la société civile », le REMDH reconnaît que des progrès ont été faits, mais exhorte l’UE à modifier profondément sa façon d’interagir avec la société civile, et à prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre systématiquement son engagement en pratique, avec les ONG locales en particulier.
« L’UE doit être à la hauteur des espérances suscitées par le Printemps arabe. Les processus de transition dans la région doivent être renforcés, de façon à éviter toute implication négative pour l’Europe et à assurer la stabilité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord », a ajouté Michel Tubiana, Président du REMDH.
Le 15 mai, un an après l’adoption de la nouvelle approche de la PEV, la Commission européenne et la Haute Représentante ont présenté un paquet PEV conjoint concernant sa mise en œuvre. Dans cette nouvelle approche, l’UE s’est engagée à placer la démocratie, les droits de l’Homme et l’égalité hommes-femmes au premier plan de son programme renouvelé.
Le paquet PEV décidé le 15 mai prévoit une évaluation de la mise en œuvre de cette politique, et en particulier de son approche « more for more ». Il est attendu que Le Conseil de l’UE adopte des Conclusions sur la PEV le 25 juin prochain.