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TURQUIE: Le défenseur des Droits de l’homme Osman Işçi doit être relâché immédiatement

Le Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme (REMDH) et l’Observatoire pour la Protection des défenseurs des droits de l’Homme, un programme conjoint de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), expriment leur profonde inquiétude à la suite de l’arrestation arbitraire et la détention de M. Osman Işçi et de 52 syndicalistes.

Selon les informations reçues, M. Osman Işçi, membre de  l’Association des Droits de l’Homme (IHD) et du Comité Exécutif du REMDH,  été arrêté à son domicile dans la province d’Ankara le 25 juin 2012 au matin par les forces de la police anti-terroriste, et amené à la Direction de la Sécurité d’Ankara. Les agents ont indiqué que son arrestation fait partie d’une opération de grande envergure visant à démanteler un prétendu réseau terroriste – l’Union des Communautés Kurdes (KCK)- une organisation que les autorités accusent d’être la « branche urbaine » de l’organisation armée Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Ces opérations, qui ont commencé en 2009, ont en fait visé surtout des activistes pacifiques kurdes et pro-kurdes.

Il a également été rapporté que 55 syndicalistes ont été arrêtés, dont 3 ont été relâchés pour des raisons médicales. 53 sont donc actuellement en détention, y compris M. Işçi, et deux autres sont recherchés par la police pour interrogatoire. La police a également perquisitionné les domiciles de 71 syndicalistes, ainsi que les sièges de la KESK, de Egitim-Sen (Union des travailleurs de l’éducation et des sciences), du SES (Syndicat des employés des services publiques de santé et du social), BTS (Syndicat unifié des employés des transports) et d’autres bureaux de ces syndicats dans les provinces d’Ankara, Diyarbakır, İstanbul, Ağrı, Bitlis, Siirt, Adana,  et Eskişehir.

  1. Işçi est un défenseur des droits de l’Homme reconnu et a travaillé en particulier sur les droits des minorités, les libertés d’association et d’expression. Il est également membre d’un syndicat affilié à la KESK.
  2. Işçi et les autres activistes doivent être présenté devant le Procureur le 27 ou le 28 juin. Le procureur devra alors décider s’il les relâche ou s’il les défère devant un tribunal pour être jugés, en les gardant en détention jusqu’à cette comparution.

Nos organisations dénoncent la politique permanente de détentions arbitraires et de harcèlement judiciaire qui vise les défenseurs des droits de l’Homme en Turquie, et en particulier les membres d’IHD, des syndicalistes, des avocats et des journalistes, qui sont impliqués dans la promotion d’une solution pacifique de la question kurde.

Nous rappelons que 12 membres d’IHD souffrent depuis longtemps le harcèlement judiciaire et sont actuellement en détention en attente de leur procès : MM. Muharrem Erbey et Arslan Özdemir, dirigeants de la branche de Diyarbakır; MM. Şerif Süren et Orhan Çiçek,, dirigeants de la branche de Aydın; Mme Zana Aksu, MM. Reşit Teymur et Muhsin Beydoğan, dirigeants de la branche de Siirt; M. Abdulkadir Çurğatay et Mme Veysi Parıltı, dirigeants de la branche de Mardin; M. Şaziye Önder, représentant à Doğubeyazıt ; M. Mensur Işık, ancien président de la branche de Muş et M. Hikmet Kapancı, représentant à Malatya.

Nos organisations appellent les autorités à:

  1. garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de M. Osman Işçi ainsi que de tous les autres défenseurs des droits de l’Homme détenus ;
  2. relâcher M. Osman Işçi ainsi que de tous les autres défenseurs des droits de l’Homme immédiatement et sans condition, car leur détention est arbitraire et vise seulement à sanctionner leurs activités de défense des droits de l’Homme ;
  3. mettre fin aux actes de harcèlement, en particulier sur le plan judiciaire, contre M. Osman Işçi ainsi que de tous les autres  membres d’IHD et des syndicats des employés du secteur public et, en général, contre tous les défenseurs des droits de l’Homme en Turquie ;
  4. se conformer aux dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme, particulièrement de son Article 1, qui stipule que « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international » ; ainsi que de son Article 12.2. qui établit que L’État prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration » ;
  5. plus généralement, assurer en toutes circonstances le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales en accord avec les instruments internationaux et régionaux des droits de l’Homme ratifiés par la Turquie.