L’année 2021 a vu une augmentation des arrivées via presque toutes les routes migratoires en Méditerranée, avec une augmentation tout aussi tragique du nombre de morts.
L’Union européenne (UE) et ses États membres ont eu recours à plusieurs reprises aux refoulements, également en hausse en 2021, et à de nouvelles politiques restreignant l’accès au territoire européen. Leurs tentatives de « fermer » certaines routes (à savoir celles de la Méditerranée orientale et centrale) n’ont fait que pousser les personnes fuyant la pauvreté et la violence à s’engager sur des routes et à effectuer des voyages plus dangereux.
À Chypre, les arrivées ont augmenté de 123% par rapport à 2020 pour atteindre 10.400 personnes, tandis qu’en Grèce, les garde-côtes auraient secouru plus de 29.000 personnes. Cependant, selon le ministère grec des migrations et l’UNHCR, seul.e.s 8.000 migrant.e.s sont arrivé.e.s en Grèce l’année dernière (la moitié par voie terrestre, l’autre par voie maritime). Quel fut le sort des autres 25.000 migrant.e.s secouru.e.s ?
Les mêmes divergences de chiffres ont été soulevées auprès de la Commission européenne l’année dernière par cinq organisations de la société civile grecque. En Italie, 67.040 personnes sont arrivées en 2021, dont 9.478 mineur.e.s non accompagné.e.s, tandis que près de 42.000 personnes sont arrivées en Espagne par la mer.
Plus de 6.000 personnes sont mortes en tentant de traverser la Méditerranée en 2021, bien que le nombre soit probablement beaucoup plus élevé (voir visuel). Dans le même temps, le nombre de refoulements a également atteint un niveau sans précédent, avec au moins 15.803 personnes refoulées de la Grèce vers la Turquie et 32.425 personnes interceptées en Méditerranée centrale et refoulées vers la Libye.
La réponse de l’UE et les priorités de la Présidence française
L’année 2021 a également été marquée par plusieurs tentatives d’instrumentalisation des migrant.e.s et des réfugié.e.s à des fins géopolitiques et économiques, comme à Ceuta en mai, où le Maroc a fermé les yeux sur le passage de plus de 10.000 personnes en 48 heures, ou à la frontière entre l’UE et la Biélorussie, où au moins 21 personnes sont mortes soit de froid dans les bois, soit noyées en essayant de traverser le fleuve. Au moins 192 personnes ont été violemment repoussées.
L’UE, en réponse à ce qu’elle appelle des « attaques hybrides », a décidé de se barricader face aux migrant.e.s et aux réfugié.e.s, avec des propositions telles que la « décision du Conseil relative à des mesures d’urgence provisoires en faveur de la Lettonie, de la Lituanie et de la Pologne », « l’amendement au code frontière Schengen » et la proposition de « règlement relatif à l’instrumentalisation de la migration ». Ces propositions soulèvent plusieurs préoccupations en termes de réduction de l’accès à l’asile, d’augmentation des procédures accélérées aux frontières avec une réduction des droits garantis, d’augmentation de la détention, de conditions d’accueil précaires, de profilage ethnique et de surveillance accrue des frontières.
Depuis janvier 2022, la France a pris la présidence semestrielle du Conseil de l’UE et elle semble déterminée à aller dans le sens des dernières propositions de la Commission en renforçant les contrôles aux frontières extérieures, en augmentant les capacités de détention, en multipliant les accords de réadmission et les efforts de retour.
En 2022, au lieu de répéter les mêmes erreurs, entraînant de nouvelles violations des droits humains, des décès et des souffrances, il est temps pour l’UE et ses États membres de changer de direction et d’adopter de nouvelles politiques migratoires réellement fondées sur les droits humains, une approche humaniste et les valeurs universelles proclamées par l’UE.
Vous pouvez suivre les mises à jour bimensuelles sur la migration grâce à notre page web dédiée, ‘Sur la route’ (disponible en français et en anglais).