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Face à la répression croissante, le mouvement algérien des droits civiques contre-attaque

Algérie, début 2022:  dans un pays qui a connu une vague de protestations de grande ampleur au cours de ces trois dernières années, les droits humains et les libertés publiques se détériorent de plus en plus. Individus, partis politiques et associations à but non lucratif qui s’opposent au régime continuent d’être menacés d’arrestation arbitraire, de détention ou de dissolution.  

L’application de l’article 87 bis du Code pénal a entraîné des atteintes aux libertés individuelles et collectives, en ciblant en particulier les personnes impliquées dans le Hirak, le mouvement de protestation de rue qui a débuté en février 2019.  

La répression des autorités algériennes vise aussi bien les individus que les organisations. Au cours des derniers mois, plusieurs membres d’organisations et de partis politiques ont été arrêtés et détenus dans le but de paralyser ces institutions. Nasreddine Hamitouche, l’un des dirigeants de l’organisation politique Rassemblement des Jeunes pour l’Algérie (RJPA), est en détention depuis le 2 janvier 2022. Le président du parti politique Mouvement Démocratique et Social (MDS), Fethi Ghares, est quant à lui incarcéré depuis six mois.  

Une pétition contre l’injustice 

Outre Hamitouche et Ghares, 245 Algérien.ne.s ont été arrêté.e.s pour avoir exprimé leur solidarité et leur soutien aux détenu.e.s sur les médias sociaux. Pire encore, les autorités vont jusqu’à menacer de dissolution des partis et organisations de renom en raison de leurs activités. C’est ainsi que le 13 octobre 2021, l’organisation de la société civile Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) a été dissoute en raison d’activités « politiques » qui ont été jugées contraires à ses statuts. 

Le 8 janvier 2022, dans un acte de dénonciation de la répression croissante à l’égard du mouvement algérien des droits civiques, plus de 300 représentant.e.s de la société civile ont signé une pétition pour protester contre un certain nombre de mesures coercitives imposées par les autorités. Cette action collective est un cri d’alarme contre une liste d’injustices devenues quotidiennes dans le pays. 

Parmi leurs revendications, la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers d’opinion ; l’annulation des procédures judiciaires contre les partis et organisations nationales exerçant leurs droits constitutionnels ; l’abolition du cadre juridique par lequel la répression est appliquée et justifiée. Enfin, les signataires rappellent que la liberté de réunion est un droit inaliénable et fondamental, et que sa disparition équivaudrait à mettre en péril l’ensemble de la société.  

Cette initiative, qui n’est pas isolée, est de bon augure pour une société civile algérienne unie et résiliente.