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Sept ans de punition collective : Il est temps pour l’UE d’agir afin de mettre un terme au blocus de la bande de Gaza.

Les années d’isolement, de sévères restrictions de mouvement et d’impunité pour les violations du droit international ont altérés les droits des 1,8 million de Palestiniens vivant dans la bande Gaza. Au regard des terribles conditions à Gaza et avant le Conseil Affaires étrangères de l’Union européenne, le REMDH appelle l’UE et ses États membres à prendre des mesures concrètes afin de mettre un terme au blocus et de garantir le strict respect du droit international dans le contexte du conflit israélo-palestinien.

Bien que l’UE ait, à maintes reprises, appelé à la levée du blocus israélien, elle n’a pas réussi à accompagner ces appels de mesures concrètes et s’est montrée réticente à réagir à la culture de l’impunité plus large dans laquelle ces violations se développent. Alors que l’UE réfléchit aux implications de l’échec du processus de de paix et que les tensions s’accroissent sur le terrain, il est vital que l’UE, en concertation avec ses États membres, agisse afin de garantir le strict respect du droit international, la protection des civils et la levée du blocus de Gaza. Ceci constitue, avec le renforcement des liens entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, les premiers pas essentiels vers la réalisation de la paix durable dans la région.

À la lumière de ces éléments, le REMDH appelle l’UE et ses États membres à :

–          Prendre toutes les mesures à leur disposition, y compris dans le contexte de leurs relations bilatérales avec Israël, afin d’assurer la levée complète, immédiate et inconditionnelle du blocus de Gaza;

–          Exhorter Israël à garantir que des comptes soient rendus lorsque le droit humanitaire international et les droits de l’homme sont bafoués, en menant des enquêtes sur les violations présumées du droit international conformément aux normes internationales, en poursuivant les responsables de ces violations et en garantissant la réparation et compensation des victimes pour les préjudices causés;

–          Soutenir activement le processus de réconciliation inter-palestinienne en fournissant un soutien politique, technique et financier, et en respectant la volonté du peuple palestinien exprimée lors d’élections libres et justes sous l’autorité d’un futur gouvernement d’unité respectueux des droits et libertés du peuple palestinien;

–          Exhorter l’Egypte à faciliter l’accès humanitaire à Gaza.

Plus d’informations sur la situation dans la bande de Gaza.

Comme l’affirment le Comité International de la Croix-Rouge ainsi que plusieurs ONG internationales, le blocus israélien de la bande de Gaza constitue une forme de punition collective en violation du droit humanitaire international. Le blocus fait partie d’une politique plus large cherchant à renforcer la séparation entre la bande de Gaza et la Cisjordanie. Depuis des années, cette politique cherche à saper le droit des Palestiniens à l’autodétermination. Les récentes tentatives du gouvernement israélien de faire obstruction au processus de réconciliation inter-palestinien, notamment en refusant d’autoriser le passage de futurs ministres de Gaza vers la Cisjordanie, ainsi que les menaces concernant le blocage des recettes fiscales de l’Autorité palestinienne, illustrent la détermination d’Israël à continuer de refuser ce droit aux Palestiniens.

Israël continue d’utiliser les restrictions de mouvement d’une manière qui va bien au-delà des mesures légitimes qui pourraient être acceptées comme réponse à ses besoins sécuritaires. Ce faisant, Israël refuse aux Palestiniens le droit à une vie de famille, à l’éducation et à la santé, et viole son obligation d’assurer la sécurité et le bien-être de la population occupée. Depuis 2000, il est totalement interdit d’aller de Gaza en Cisjordanie afin de poursuivre des études supérieures dans les universités palestiniennes. Pendant ce temps, les patients ayant besoin de traitements médicaux en Cisjordanie ou à l’étranger doivent faire face à des délais prolongés pour l’obtention de leur permis de quitter Gaza par le terminal d’Erez, ou pire encore, sont arrêtés et interrogés par les autorités israéliennes. Le refus d’accès aux traitements médicaux nécessaires met inutilement en danger la vie des patients et porte atteinte à leur droit à la vie et à la santé. Cette situation est par ailleurs aggravée par les limitations que l’Egypte a mis en place pour les résidents de Gaza au terminal de Rafah et pour le passage de l’aide humanitaire.

Après des années de restrictions à l’importation et l’exportation, le blocus a ruiné l’économie et les infrastructures de base à Gaza. En raison de cette situation, le pourcentage de la population dépendant de l’aide humanitaire a augmenté pour atteindre le niveau effarant de 70 %, tandis que le taux de chômage pour le premier trimestre 2014 s’élevait à 40,8 %. Ces chiffres sont particulièrement élevés dans le secteur de la construction. Le transfert de biens de Gaza vers la Cisjordanie est toujours prohibé, tandis qu’un nombre très limité de marchandises sont exportées en Europe et dans le monde. Entre janvier et avril,  en moyenne, 20 camions chargés de marchandises ont pu quitter Gaza chaque mois, soit 2 % de ce qui quittait Gaza tous les mois avant 2007.

Israël a enfreint encore plus gravement le principe de distinction entre civils et combattants en tout temps, en ne s’abstenant pas de lancer des attaques sans discrimination ni d’utiliser la force de manière excessive. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), entre le 1er janvier et le 26 mai 2014, 11 civils palestiniens ont été tués et 152 ont été blessés dans les zones de restriction sur terre et en mer. Récemment, Israël a ouvert le feu sur trois frères qui récoltaient de l’herbe sèche dans un champ agricole situé près de la zone tampon, en blessant grièvement un garçon de 16 ans. Les pêcheurs palestiniens ont aussi été témoins d’une escalade des attaques israéliennes dans les zones de restriction, les forces militaires continuant de les cibler, de les arrêter et de confisquer leur matériel, les privant ainsi de leur droit à des moyens de subsistance et à un niveau de vie suffisant.

Ces attaques sont commises dans l’impunité la plus totale et s’inscrivent dans une tendance plus générale de non-respect du droit international. Six ans après l’opération « Plomb durci » et deux ans après l’opération « Piliers de Défense », Israël a omis d’enquêter dûment et d’engager des poursuites judiciaires suite aux violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international par ses forces militaires. Onze ans après le meurtre de la militante pacifiste américaine Rachel Corrie, les responsables n’ont toujours pas été traduits en justice. Pendant ce temps, les victimes palestiniennes continuent de se voir interdire l’accès aux tribunaux israéliens et à un recours effectif à cause de l’imposition par Israël de barrières légales, administratives, financières et physiques.