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10ème Assemblée Générale : Résolution finale

Nous, membres de la société civile euro-méditerranéenne, affirmons que :

La substitution de l’Union pour la Méditerranée au processus de Barcelone et les révolutions intervenues en Afrique du Nord et Moyen-Orient et leurs suites comme la poursuite de l’occupation illégale, de la colonisation et de l’annexion israélienne en Palestine et au Golan se sont imposées comme des éléments majeurs dans la région euromed. La barbarie qui s’exerce en Irak et en Syrie du fait de leurs régimes et des groupes comme l’organisation dite de l’Etat Islamique (EI), la militarisation croissante de toute cette région, notamment en Libye, et les dictatures qui s’installent comme en Egypte renforcent de plus fort le besoin de démocratie.

L’Union pour la Méditerranée se fonde sur des grands projets économiques et tient très peu en compte del’existence des sociétés civiles ni des aspirations démocratiques et de justice économique et sociale que les révolutions intervenues depuis 2011 ont mis en évidence. Elle met en avant une approche basée sur les investissements, les grands chantiers et la libéralisation des échanges au préjudice d’une vision globale des relations entre les pays de cette région et d’un développement équitable, tout cela avec la complicité des régimes concernés. Au sud de la Méditerranée des millions de personnes, des femmes, des jeunes ont pris tous les risques pour revendiquer leur dignité et leur liberté. Quelle que soit l’issue des mouvements qui ont eu lieu, cette prise de parole reste un acquis.

En même temps, la politique répressive des régimes contestés a montré toute sa nocivité : sociétés civiles réduites au silence, incapacité de faire naître de réelles alternatives politiques, situation socio-économique désastreuse, espoirs avortés, voire retour aux situations antérieures, etc.

L’Union européenne (UE) connaît une crise économique sans précédent ayant conduit à des politiques d’austérité largement rejetées par les peuples. C’est aussi le fonctionnement démocratique de ces sociétés qui a payé le prix de cette situation au travers d’une restriction des libertés comme de l’accroissement de la xénophobie et du racisme, de l’antisémitisme et de l’Islamophobie. Enfermée dans des réflexes sécuritaires, l’UE pratique un enfermement, encore plus scandaleux quand il concerne les personnes demandeuses d’asile et qui a pour effet de transformer la Méditerranée en cimetière.

Dans ce contexte :

Protéger les militants et les militantes des droits humains, ce qui est vital pour l’avenir, et aider les sociétés civiles à s’approprier les droits humains sont des priorités.

Intégrer dans toutes nos actions et revendications l’égalité concrète des genres et la lutte contre les violences à l’encontre des femmes sont des leviers essentiels du changement que nous appelons de nos vœux.

Tisser des liens étroits entre les sociétés civiles du Nord et du Sud de la Méditerranée est un impératif si nous voulons être en mesure de peser sur les politiques nationales comme sur la politique des ensembles régionaux.

Fortifier l’efficacité des sociétés civiles en accueillant les mouvements qui sont nés avec les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient est une nécessité pour renforcer l’exercice de la citoyenneté.

Il faut refuser avec force un quelconque relativisme des droits humains et réaffirmer leur universalité, comme la résultante d’une dynamique d’adhésion progressive, une appropriation individuelle et collective, où les traditions nationales et culturelles trouvent naturellement leur place, ni contre ni à côté, mais autour d’un socle de valeurs indérogeables. A cet égard, la protection des droits des minorités de toute nature est une exigence pour respecter le pluralisme.

Faire cesser la politique de deux poids deux mesures trop souvent en vigueur et fonder les rapports entre le nord et le sud de la Méditerranée sur le développement de valeurs communes et non sur le seul intérêt d’une des parties est une condition de la crédibilité des droits humains en tant que valeur universelle. C’est pourquoi l’UE doit apporter toute son attention au règlement pacifique de tous les conflits régionaux que ce soit au Sahara occidental ou en Palestine dans le cadre des résolutions des Nations unies en particulier sur le droit au retour des personnes réfugiées.

Le peuple palestinien subit toujours l’oppression et le sort du peuple syrien est une blessure honteuse à la conscience humaine. Parce que nombre de militants et militantes ont payé de leur vie et paient encore de leur liberté leur attachement aux droits humains, parce que tous les peuples aspirent à la même liberté, le Réseau poursuivra son action en faveur de l’égalité des droits, de la redevabilité et de la justice dans cette région du monde.