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« Partager nos expériences nous procure de l’énergie et nous permet de continuer à agir ! »

En 2022, EuroMed Rights célèbre son 25ème anniversaire ! Pour marquer cette étape importante, nous avons demandé à des membres de nous dire ce que cela représentait pour eux et leur organisation.

Eva Abu Halaweh est avocate. Elle est membre cofondatrice du Mizan Law Group for Human Rights et en est la directrice générale. Elle fait campagne contre les crimes d’honneur et concentre ses efforts sur la protection des femmes en danger et des personnes vulnérables ainsi que sur la lutte contre la torture et les mauvais traitements dans le système carcéral et les commissariats de police jordaniens. Eva Abu Halaweh a reçu le prix franco-allemand des droits de l’Homme et de l’État de droit ainsi que le prix international des femmes de courage décerné par le Secrétaire d’État américain.  

« Mizan est membre d’EuroMed Droits depuis longtemps et c’est son soutien en faveur des droits du peuple palestinien et sa solidarité avec les personnes qui militent pour les droits humains qui nous ont poussés à faire partie de ce réseau. Il est tellement important de pouvoir prendre position avec EuroMed Droits pour d’autres personnes ainsi que pour nous-mêmes !

Quels sont les avantages d’être membre d’EuroMed  Droits ?

Je pense que le plus grand avantage d’être membre est l’échange d’expériences avec d’autres défenseurs et défenseuses des droits humains, y compris du Nord. Au début, j’étais très enthousiaste à l’idée de m’inspirer des bonnes pratiques appliquées ailleurs. Nous avons aussi beaucoup appris grâce aux interactions que nous avons eues avec des collègues d’autres pays sur des questions analogues. Il n’est guère facile de défendre les droits humains, et partager nos expériences, ainsi que nos hauts et nos bas, nous donne du réconfort, nous procure de l’énergie et nous permet de continuer à agir !

La solidarité et le soutien sont parfois bien nécessaires lorsque nous luttons pour obtenir un financement ou lorsque l’espace accordé à la société civile rétrécit inexorablement. EuroMed Droits nous a permis d’avoir accès à des interlocuteurs et des interlocutrices au sein des institutions à Bruxelles, par exemple.

Considérez-vous l’Union européenne comme un partenaire ?

Comme un partenaire fiable et digne de confiance lorsqu’il s’agit de droits humains et de démocratie ? Oui et non. La défense des droits humains est confrontée à de nombreux défis, les droits humains ne sont plus une priorité pour un grand nombre de pays et l’UE n’utilise pas son pouvoir pour s’opposer aux violations dans ce domaine. Nous attendons une pression plus forte pour mettre fin à l’occupation de la Palestine en premier lieu. Le fait qu’il n’y ait pas plus de pression de la part des partenaires internationaux à cet égard est l’évolution la plus négative et c’est gênant pour nous aussi en fait parce que, lorsque nous rencontrons des personnes sur le terrain, elles nous interrogent sur la position des États européens qui promeuvent les droits humains, mais appliquent une politique de « deux poids, deux mesures » lorsqu’il s’agit des droits du peuple palestinien.

Et nous nous heurtons aujourd’hui aux mêmes questions avec les conséquences de la guerre en Ukraine et de toutes ces personnes réfugiées que l’UE accueille en son sein… Quel type de message envoie-t-on lorsqu’on ne respecte pas les droits qu’on défend ?

Quelle devrait être la principale priorité d’EuroMed Droits ?

 Je pense que la priorité absolue d’EuroMed Droits devrait demeurer la liberté d’association et la liberté d’expression, car sans elles, il n’y a rien que nous puissions faire. Aujourd’hui, nous devons prêter la plus grande attention au rétrécissement de l’espace pour la société civile ainsi qu’aux ONG organisées par le gouvernement (GoNGO) qui se multiplient partout dans le monde.

Je pense aussi qu’EuroMed Droits a pris une très bonne décision en se concentrant sur les droits économiques et sociaux et le changement climatique. Ce sont des droits collectifs qui nécessitent une bonne dose d’efforts collectifs. Ils nécessitent également un renforcement des capacités de nos membres, car la plupart d’entre eux ont l’habitude de travailler sur les droits politiques et civils, principalement. Nous avons besoin d’une nouvelle recherche d’évaluation régionale sur les droits économiques et sociaux sur la base des données recueillies par les membres. »

Eva Abu Halaweh (Jordanie), Directrice exécutive de Mizan Law Group for Human Rights, un membre d’EuroMed Droits