La décision du Danemark de retirer leur permis de séjour à des réfugié.e.s syrien.ne.s a provoqué une vague d’indignation en Europe et au-delà. Le Parlement européen, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et des organisations de la société civile ont rappelé au Danemark que Damas ne pouvait pas être considéré comme une région « sûre ».
La décision danoise s’inscrit malheureusement dans la lignée de positions précédentes. Depuis 2015, le Danemark a réduit le degré de protection offert aux réfugié.e.s syrien.ne.s en leur octroyant une « protection temporaire » au lieu de la protection reconnue par la Convention de Genève de 1951. Cette protection temporaire prévoit en effet la conduite d’une évaluation basée sur la situation générale dans le pays d’origine et non sur la situation individuelle du.de la demandeur.se.
La perte du permis de séjour entraîne une réaction en chaîne pour les réfugié.e.s syrien.ne.s qui se voient ainsi privé.e.s de leur droit de travailler et d’accéder aux soins de santé, à l’éducation et au logement. Ce retrait les laisse dans une situation de vide juridique qui a bien souvent un impact tragique sur leur santé mentale. Une fois le permis retiré, les réfugié.e.s syrien.ne.s courent le risque d’être transféré.e.s vers des camps de « détention » au Danemark où ils peuvent être détenu.e.s pour une période indéterminée ou jusqu’à ce qu’ils.elles décident de rentrer « volontairement » en Syrie. Cette décision est en violation de la loi européenne et des dispositions qui prévoient une durée maximale de détention avant expulsion. Le caractère « volontaire » de la décision de retourner en Syrie peut également être considéré comme relatif pour les réfugié.e.s qui vivent dans des conditions déplorables dans des camps et ne peuvent pas reprendre leur vie au Danemark.
Le Danemark, qui compte environ six millions d’habitant.e.s, accueille un très faible nombre de réfugié.e.s : 1.547 demandes d’asile ont été enregistrées en 2020 – dont un quart pour des personnes déjà détentrices d’un permis de séjour via la procédure de regroupement familial – et seulement 432 nouveaux.nouvelles réfugié.e.s. A part la Hongrie, aucun Etat membre de l’UE n’a adopté une position similaire au Danemark en ce qui concerne l’évaluation de la situation sécuritaire en Syrie. De nombreuses entités et organisations de la société civile – dont EuroMed Droits – ont dénoncé les risques de violence, de disparition forcée, de torture et de décès pour celles et ceux qui rentrent en Syrie.
Aucun pays ne peut être jugé « sûr » et les personnes qui rentrent peuvent faire face à des conséquences dramatiques pour leur vie. Le Danemark doit respecter le principe de non-refoulement, fournir une protection aux demandeurs.ses d’asile et respecter les obligations qui lui incombent en vertu du droit international.
Crédit photo: Sara Prestianni