Alors que le Maroc s’apprête à accueillir la deuxième édition du Forum mondial des droits de l’Homme en novembre prochain, le Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme (REMDH) appelle le gouvernement marocain à cesser toute entrave à l’action de la société civile marocaine et des défenseurs des droits de l’Homme.
Le REMDH tient à exprimer sa vive préoccupation face au harcèlement systématique qu’endure l’Association Marocaine des Droits Humains (AMDH). Sans remonter aux mois précédents où l’AMDH a enduré des interdictions ponctuelles, entre le 12 juillet et le 30 septembre 2014, l’AMDH a fait état de 17 interdictions arbitraires de réunions organisationnelles, sit-in, conférences publiques, activités de formation, et caravanes. Ces interdictions n’ont jamais été communiquées par écrit ni accompagnées d’une explication justifiant chaque restriction. Plus récemment, l’AMDH s’est vue interdire l’organisation d’une conférence « Médias et Démocratie » qui devait avoir lieu le 27 septembre à la Bibliothèque Nationale à Rabat, sous prétexte d’un manquement au respect des dispositions de l’article 3 du dahir régissant les rassemblements publics, bien que les associations constituées légalement soient exemptées de declarations.
L’AMDH n’est pas la seule organisation de défense des droits de l’Homme à voir ses activités entravées par des décisions émanant des services du ministère de l’Intérieur. Début septembre, la seizième édition du camp de jeunesse organisé par Amnesty International au Maroc a été interdite arbitrairement par les autorités marocaines. La Ligue marocaine de défense des droits de l’Homme s’est également vu interdire l’utilisation du centre Bouhlal à Rabat pour une conférence sur l’éducation aux droits humains. De même, le 27 Septembre, une « Caravane de solidarité avec les Subsahariens » venant de Rabat et dénonçant les abus dont est victime la population migrante au Maroc, a été bloquée arbitrairement par des forces de sécurité à l’entrée de Tanger alors qu’ils avaient prévu une manifestation au centre de la ville. Aucune explication n’a été fournie quant à l’interdiction d’entrer dans la ville. Ces restrictions sont encore plus systématiques au Sahara Occidental, où pour des raisons politiques, plusieurs associations n’obtiennent pas leur reconnaissance légale et ne peuvent réaliser aucune activité publique ni manifester.
Ces tentatives répétées des autorités marocaines d’entraver le travail des défenseurs des droits de l’Homme dans l’accomplissement de leurs missions se sont intensifiées suite aux déclarations du ministre de l’Intérieur, Mr. Mohamed Hassad, devant le Parlement marocain le 15 juillet dernier, accusant les organisations non gouvernementales de répondre à des agendas étrangers et de nuire par leurs actions à la réputation et à la sécurité du pays.
Ces attaques systématiques dont font l’objet les organisations de défense des droits de l’Homme sont contraires à la Constitution marocaine dont l’article 29 garantit la liberté de réunion, ainsi qu’aux engagements internationaux de l’Etat marocain en la matière, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le REMDH demande aux autorités d’agir pour protéger le droit à la liberté de réunion, d’association et de manifestation pacifique dans le pays, conformément à ses engagements internationaux en matière de droits de l’Homme.