L’impact de la pandémie de COVID-19 sur le respect des droits humains en Tunisie a mis en lumière la fragilité du contexte politique. Malgré les efforts colossaux qu’elle a fournis, la société civile a dû se limiter à un travail d’accompagnement des institutions dans leur travail démocratique. A cet égard, le travail de soutien aux personnes les plus marginalisées effectué par les instances publiques et indépendantes (mises en place depuis la révolution du jasmin de 2011 ou existant précédemment) est à relever.
L’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes a ainsi organisé des opérations de terrain avec l’aide de l’État tunisien et d’organisations internationales afin de fournir des produits alimentaires et d’hygiène à une centaine de personnes. Ces opérations se sont déroulées dans six arrondissements à Tunis, avant de s’étendre à d’autres zones du pays.
De son côté, l’Instance nationale de prévention de la torture (INPT) s’est penchée sur la question des atteintes aux droits humains dans les centres de confinement sanitaire obligatoire et dans les lieux de privation de liberté. L’instance a ainsi effectué des visites dans huit de ces centres de confinement, ainsi que dans quatre prisons, un centre d’accueil des migrants et à l’hôpital psychiatrique de Tunis. Le résultat de ces visites a fait l’objet d’un rapport publié en avril. L’INPT a par ailleurs appelé au lancement d’un nouveau programme conjoint, qui serait mené par plusieurs instances indépendantes, pour mieux sensibiliser les personnels aux droits des personnes privées de liberté. Ce projet, s’il était accepté, permettrait également de partager des bonnes pratiques visant à garantir le respect des droits humains dans les lieux de privation de liberté, tels que les centres de confinement sanitaire obligatoire, les centres de détention et les prisons.
Enfin, sur le plan socio-économique, l’Instance nationale de lutte contre la corruption a effectué des missions de contrôle des circuits de distribution afin de lutter contre les phénomènes de monopolisation qui peuvent entraîner une hausse des prix des produits de première nécessité. Ces opérations ont permis de poursuivre la lutte contre la criminalité financière tout en contribuant à améliorer certaines pratiques. Les personnes dénonçant les actes de corruption seront désormais mieux protégées.
Malgré les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre les malversations durant la pandémie, le rôle de la société civile et des instances indépendantes reste essentiel pour assurer le respect des droits humains.