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Les difficultés économiques n’épargnent personne au Liban, certainement pas les réfugié·es syrien·nes  

Les réfugié·es syrien·nes au Liban continuent d’être confronté·e·s à des conditions de vie critiques dans le pays.

Cette situation résulte d’une situation socio-économique désastreuse, d’une discrimination croissante, de discours haineux et de la menace d’expulsion qui pousse davantage de personnes à prendre la mer. Mais ce ne sont pas seulement les Syrien·nes qui quittent le pays, mais aussi de plus en plus les Libanai·ses et les Palestinien·nes. 

Selon les Nations unies, plus de 80% de la population libanaise est privée de ses droits fondamentaux, notamment la santé, l’éducation et un niveau de vie décent. La livre libanaise ayant perdu 90% de sa valeur depuis 2019, la capacité des gens à accéder à la nourriture, à l’eau, aux soins de santé et à l’éducation s’est considérablement réduite. Cette crise socio-économique a un impact sur l’ensemble de la population, frappant particulièrement les réfugié·es syrien·nes. Selon l’ONU, 90% des réfugié·es syrien·nes et 77% des Libanai·ses vivent sous le seuil de pauvreté.  

Le gouvernement utilise les réfugié·es syrien·nes comme boucs émissaires pour ces multiples crises, renforçant ainsi la rhétorique discriminatoire et les discours de haine. En juillet 2022, cela a culminé avec une déclaration du ministre des personnes déplacées qui a annoncé un plan d’expulsion de 15.000 réfugié·es syrien·nes par mois. Ces soi-disant « retours volontaires » ont commencé à être mis en œuvre en octobre 2022, avec 700 personnes expulsées à la fin du mois d’octobre. Cependant, ces retours peuvent difficilement être considérés comme volontaires, car de nombreux rapports font état de pressions exercées sur les personnes pour qu’elles signent les documents de retour « volontaire » et étant donné la situation sécuritaire critique en Syrie. 

Confronté·es à une grave crise socio-économique et au risque constant d’être expulsé·es, beaucoup décident de prendre la mer. Entre 2021 et 2022, le nombre de personnes fuyant le Liban a presque triplé, passant de 1.570 à 4.629. Prendre la mer est cependant de plus en plus difficile : entre les nombreux refoulements effectués par les autorités libanaises et les refoulements systémiques effectués par les autorités chypriotes, plusieurs incidents meurtriers ont été enregistrés l’année dernière, avec des dizaines de victimes et de disparu·e·s ainsi que des tentatives de rejoindre l’Italie en bateau. Récemment, un bateau transportant plus de 230 personnes, pour la plupart originaires de Syrie, a été repoussé par les autorités libanaises : deux personnes sont mortes, tandis que la majorité des Syrien·ne·s ont été expulsé·e·s vers le côté syrien de la frontière.   

Comme le dit la réfugiée syrienne Iman Al Saud dans la vidéo publiée par EuroMed Droits : « Nous ne serions pas venu·e·s ici si nous n’avions pas été forcé·e·s de vivre ici, mais nous l’avons été. Les gens ne seraient pas venus ici si la situation en Syrie n’avait pas empiré ». 

Coincées entre l’impossibilité de rentrer, l’insoutenabilité de la vie au Liban et les dangers de la traversée de la mer, quel est l’avenir des personnes réfugiées syriennes au Liban ?