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Fin des moyens navals pour l’opération Sophia : non au renvoi de personnes migrantes et réfugiées vers la Libye !

Déclaration

Bruxelles, le 2 april 2019

La politique européenne en matière migratoire n’en est plus à un reniement près ! Dans un communiqué publié le 29 mars, le Conseil de l’Union européenne (UE) a fait savoir que l’EUNAVFOR MED Opération Sophia qui arrivait à échéance le 31 mars sera prolongée jusqu’au 30 septembre 2019, mais sans moyens navals. La surveillance européenne ne sera plus assurée que par des moyens aériens.

Rappelons que l’opération Sophia, placée sous commandement italien, a été lancée par l’UE le 22 juin 2015 après la catastrophe où 700 personnes migrantes s’étaient noyées au large des côtes libyennes. Son objectif principal était de « démanteler le modèle économique des passeurs et des trafiquants d’êtres humains dans la partie sud de la Méditerranée centrale » par l’interception des embarcations transportant des personnes migrantes et réfugiées vers les côtes européennes. C’est dans ce même but que, dès 2016, l’UE a entrepris de contribuer au renforcement des capacités et à la formation des garde-côtes libyens et de la marine libyenne.

Même si la recherche, l’assistance et le sauvetage des personnes naufragées ne font pas explicitement partie de la mission Sophia – comme c’est également le cas pour Frontex – l’UE a pu se targuer d’avoir ainsi contribué à sauver près de 45.000 personnes pendant toute la période où ses bâtiments étaient présents en Méditerranée centrale. Tous les navires, quel que soit leur statut, sont en effet tenus de respecter les règles du droit international maritime et de sauver chaque personne dont la vie est à risque en mer. Et c’était particulièrement nécessaire en Méditerranée centrale puisque, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), c’est la route migratoire la plus dangereuse et mortifère du monde.

EuroMed Droits dénonce le fait qu’en décidant de suspendre le déploiement des moyens navals européens et, dans le même temps, d’équiper la Libye de bateaux destinés à ses garde-côtes (comme l’a récemment proposé la France et l’a déjà fait l’Italie), les gouvernements européens abandonnent, de fait, toute la responsabilité des sauvetages aux Libyens. Il contribue ainsi au refoulement des personnes migrantes et réfugiées vers ce pays, alors que tous les rapports internationaux et les témoignages indiquent qu’elles y sont soumises à des conditions de détention insupportables, à la traite confinant à des pratiques d’esclavage, à des viols et des violences, voire à la mort.

EuroMed Droits demande instamment aux gouvernements européens de se ressaisir et de prendre les dispositions nécessaires afin de respecter leur engagement collectif de défense et de respect des droits humains.

Notre réseau demande notamment de maintenir une force navale européenne de sauvetage en Méditerranée. En tout état de cause, l’UE doit soutenir activement l’action des ONG et l’intervention des navires qu’elles affrètent, au lieu d’y mettre des obstacles et de criminaliser leur action.