Ce 3 mai 2020, la Journée mondiale de la liberté de la presse restera sûrement lettre morte en Algérie… Journalistes emprisonnés et fermeture des sites d’informations en ligne, les entraves à cette liberté restent nombreuses en Algérie.
Deux journalistes algériens et un blogueur sont actuellement derrière les barreaux. Arrêté le 7 mars 2020, Khaled Drareni, journaliste indépendant, fondateur du site Casbah Tribune et correspondant de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), est accusé « d’incitation à un attroupement non armé » et « d’atteinte à l’intégrité nationale ». Sofiane Merakchi, correspondant de la chaîne libanaise Al Mayadeen, arrêté le 20 septembre 2019, a été condamné à huit mois de prison le 5 avril dernier. Walid Kechida, créateur de la page Facebook « Hirak Memes », a été placé le lundi 27 avril sous mandat de dépôt à la prison de Sétif. Il est poursuivi pour « atteinte à corps constitué, outrage et offense au Président de la République, et atteinte à l’entité divine ».
Des sites d’information comme Maghreb Émergent, Radio M, Interlignes, Tout Sur l’Algérie (TSA) et DzVid demeurent bloqués. Faute de promulgation de la loi organique de 2016 censée leur apporter un cadre juridique, les médias en ligne n’ont toujours pas d’existence légale en Algérie.
En outre, un amendement du Code pénal élaboré par l’exécutif est en cours d’adoption par le Parlement. Les mesures proposées visent à incriminer des faits relevant de « l’atteinte à la sécurité de l’État et à l’unité nationale » mais de nombreux observateurs craignent que ce texte ait pour objectif de restreindre considérablement la liberté d’expression.
« Être un journaliste n’est pas un crime. La liberté d’expression et la liberté de la presse sont des droits garantis par l’article 41 de la Constitution algérienne. Nous exhortons les autorités à libérer les journalistes Khaled Drareni, Sofiane Merakchi et le blogueur Walid Kechida, et à mettre fin au blocage des sites d’information en Algérie », a déclaré le président d’EuroMed Droits, Wadih Al-Asmar, à l’occasion de cette Journée mondiale de la liberté de la presse.