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5ème anniversaire de l’entrée en vigueur de la Convention d’Istanbul

Bruxelles, le 01 août 2019

Aujourd’hui marque le cinquième anniversaire de l’entrée en vigueur de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul). Nous avons demandé à nos membres ce que cette Convention signifiait pour eux. Voici leurs réponses :

Zeynep Gurcan, Association des droits de l’homme, Turquie (IHD)

« En tant que femme turque et féministe, le libellé de la Convention d’Istanbul me frappe plus encore que son contenu. Le fait qu’elle fasse référence à l’inégalité historique entre hommes et femmes constitue une avancée permettant de s’attaquer à la racine du problème, qui est le patriarcat.

C’est pourquoi je suis triste de devoir admettre qu’à bien des égards, la Turquie a failli dans la mise en œuvre de la Convention, et ce, à cause du refus de prise en compte des causes structurelles du problème de la violence envers les femmes.

Nous le voyons aujourd’hui dans le discours conservateur en Turquie, qui demande le retrait de la Convention. Nous le voyons dans le discours politique qui se transforme et devient aveugle aux inégalités, prétextant qu’elles ne sont pas des questions féministes. On voit même des politicien.ne.s s’abstenir d’utiliser le mot « femme », et qui rêverait que le seul usage soit réduit aux « femmes mariées », « mères », « sœurs » et « filles ».

La résistance et la sororité dont les femmes de mon pays font preuve contre une telle répression me fait aussi penser que la Convention d’Istanbul n’est pas seulement un document législatif, mais un outil puissant pour le mouvement féministe.

Tony Daly, Coordinateur  – 80:20 Educating and Acting for a Better World

« Pendant un rendez-vous médical prénatal, ma partenaire et moi nous attendions à tout sauf à ce que notre sage-femme nous demande si nous avions pris nos tickets pour la dernière adaptation cinématographique à ne pas manquer : Fifty Shades of Grey.

Dans un monde de plus en plus connecté, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander : qu’enseigne ce film – sinon douleur émotionnelle, humiliation et violence entre partenaires – aux jeunes femmes et hommes d’aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’un tel film dit de notre culture, et qu’est-ce qu’il normalise ?

4 ans plus tard, et désormais rejoint par une jeune sœur, mon fils voit et imite tout le monde autour de lui – et plus particulièrement ses cousins et grands-parents. En tant qu’animaux sociaux, les enfants voient, les enfants font. Et je me demande, qui seront leurs nouveaux modèles auprès desquels ils vont grandir, apprendre. Combien de ces expressions culturelles vont-ils être capable de décoder, désapprendre et challenger ?

Alors que la violence à l’égard des filles et des femmes fait régulièrement l’objet de campagnes et dénonciations sur Twitter, Facebook et depuis les dernières élections, par des candidat.e.s également, je pense qu’il est important de se focaliser sur les femmes qui ont connu cette violence sous toutes ses formes. Ces femmes ont traversé des décennies de défiance institutionnelle. L’année dernière, plus de 19 000 appels ont été reçus par Women’s Aid. Au moins une femme sur trois dans le monde a été victime de violences, forcée à avoir des relations sexuelles ou autrement maltraitée au cours de sa vie.

Le fait que l’Irlande ait ratifié la Convention d’Istanbul à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes est une victoire célébrant la persévérance des mouvements féministes et l’espoir d’un jour meilleur. J’espère que l’Irlande va finalement reprendre son rôle de garant et protecteur de ces nouvelles générations, afin de prévenir, protéger et combattre toutes les violences envers les femmes et sous toutes leurs formes : physiques, psychologiques et sexuelles.

En ratifiant la Convention d’Istanbul, l’Irlande se tient désormais aux côtés des femmes, et signale que la violence envers les femmes est belle et bien une réalité à combattre. Le mensonge ne peut plus durer.