Le Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme (REMDH) suit avec beaucoup d’inquiétude et de préoccupation les violations graves des droits des femmes et des filles en Syrie, en particulier celles qui ont été déplacées à l’intérieur du pays, et les réfugiées dans les pays limitrophes.
D’après les témoignages recueillis auprès de militantes de défense des droits humains, les Syriennes (que ce soit en Syrie ou dans les camps de réfugiés) subissent viols, mariages forcés ou de « plaisir » y compris de mineures, crimes d’honneur suite à des violences sexuelles après des incarcérations et des tortures dans les geôles syriennes. Ces crimes se passent dans le silence le plus total que ce soit de la part de l’Etat syrien, des pays voisins et des institutions internationales. Ils sont perpétrés en premier lieu par l’armée ou les services de renseignement syriens, mais aussi par des milices armées et par des ressortissants de différents pays, qui viennent ‘acheter’ des mineures dans les camps de réfugiés. Les petites filles et les femmes de tous âges sont victimes de sévices, qui vont de l’assassinat au kidnapping en passant par la répudiation. Les défenseures des droits humains sont particulièrement visées.
A ces atrocités s’ajoutent les conditions extrêmement précaires des femmes qui assument très souvent seules la responsabilité de leurs enfants (les maris, les pères, les frères sont soit détenus, soit disparus, soit décédés). Elles manquent de tout : de soins médicaux, de médicaments, de nourriture, d’eau, d’électricité, ne bénéficient d’aucun traitement pour éviter des grossesses non désirées ou d’éventuelles maladies transmises suite aux violences sexuelles.
Face à cette situation très alarmante, le Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme condamne les violences contre les femmes dans toutes les circonstances. Le REMDH appelle à cesser les violences et les abus sexuels à l’encontre des femmes et des enfants, en particulier des filles, lors du conflit armé et dans les camps de réfugiés.
Le REMDH exige de la Syrie, mais aussi des pays accueillant les réfugiées syriennes, l’application de leurs engagements internationaux concernant les droits humains. Il demande à la communauté internationale de faire respecter les résolutions des Nations Unies en particulier la déclaration des Nations Unies sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes du 20 décembre 1993, la convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes (CEDEF/ CEDAW) du 18 décembre 1979 et son protocole facultatif et la convention des Nations Unies sur les droits de l‘enfant du 20 novembre 1989[1].
Le REMDH incite la Syrie et les états concernés ainsi que la communauté internationale à prendre toutes les dispositions nécessaires pour mettre fin au conflit syrien et à prendre des mesures pour:
- mettre fin aux violations graves et répétées des femmes et des filles syriennes;
- agir d’urgence afin d’améliorer de façon durable la situation des femmes et des enfants réfugiés ou déplacés, sur le plan humanitaire et économique ;
Le REMDH souligne la responsabilité de tous les états afin que soient menées les enquêtes indispensables sur ces violations et pour mettre fin à l’impunité. Les auteurs responsables de ces crimes relatifs aux violences sexuelles contre les femmes et les filles comme le viol, les abus sexuels les mariages forcés doivent être poursuivis.
Le REMDH demande à ce que les femmes qui sont ou ont été victimes de violences puissent porter plainte devant les tribunaux ou la cour pénale internationale dans des conditions respectueuses de leur dignité et que leur protection soit assurée.
Enfin, le REMDH demande à ce que des moyens soient mis en œuvre pour la mise en place de programmes permettant la reconstruction, la réinsertion économique, sociale et psychologique des survivantes de ces violences, en particulier les petites filles.
[1] Ainsi que la convention des Nations Unies sur la torture et autres traitements inhumains et dégradants du 10 décembre 1984, la déclaration des Nations Unies sur la protection des femmes et des enfants en situation d’urgence et dans les conflits armés du 14 décembre 1974, en particulier son paragraphe 4, la résolution du Parlement Européen du 1er juin 2006, les textes établissant la cour pénale internationale adoptés en juillet 1998 et particulièrement les articles 7 et 8 et suivants, qui définissent le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée ou toute autre forme de violence sexuelle comme des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre si ces actes sont systématiquement perpétrés ou pas durant des conflits internationaux ou nationaux.