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Turquie : Où la répression s’arrêtera-t-elle ?

Copenhague, le 7 novembre 2016 — EuroMed Droits se déclare extrêmement préoccupé à la suite de l’arrestation, le 4 novembre, de plusieurs membres[1] du Parti démocratique des peuples (HDP) accusés de soutenir des activités terroristes.

Parmi les personnes arrêtées figurent deux coprésidents du HDP, Figen Yüksekdağ et Selahattin Demirtaş, des dirigeants démocratiquement élus ainsi que des interlocuteurs d’EuroMed Droits fiables et dignes de confiance.

D’autres parlementaires du parti HDP ont également été arrêtés. EuroMed Droits déplore cette situation : dans un système démocratique, les députés représentent en effet la souveraineté du peuple — d’autant plus que le HDP est le troisième parti politique du Parlement turc.

Ces arrestations interviennent dans un contexte de répression sévère et incessante menée par les autorités turques à l’encontre de très larges pans de la société turque, notamment des défenseurs des droits humains, des manifestants pacifiques, des opposants politiques, des journalistes, des universitaires et des intellectuels…

À ce jour, plus de 130 journalistes se trouvent en détention, des dizaines de médias ont été fermés, des dizaines de milliers de fonctionnaires arrêtés et incarcérés, des centaines d’universitaires licenciés et des milliers d’enseignants et de policiers suspendus de leurs fonctions[2].

EuroMed Droits maintient que ces opérations de répression massive à l’encontre d’opposants légitimes et non violents ne vont pas dans le sens d’un règlement pacifique du conflit kurde, mais, au contraire, constituent un facteur aggravant qui encourage à la violence, comme en atteste le dernier attentat perpétré par les Faucons de la Liberté du Kurdistan (TAK) le 4 novembre (revendiqué le 6 novembre) sur les bâtiments des services antiterroristes et antiémeutes de Diyarbakır, qui a fait neuf morts et plus d’une centaine de blessés.

Nous appelons les autorités de l’Union européenne ainsi que l’ensemble de ses États membres et les organismes de défense des droits humains de l’UE à adopter une position publique ferme sur ce sujet à travers des actes concrets et de cesser de marchander la vie et les droits du peuple de Turquie au nom de la sécurité et des contrôles aux frontières. Nous appelons également l’UE à conditionner encore davantage sa coopération avec les autorités turques au retour à l’État de droit et aux négociations de paix avec les représentants que les Kurdes ont eux-mêmes choisis.

Nous appelons enfin le HCR de l’ONU, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme et les Rapporteurs spéciaux à condamner fermement les politiques turques actuelles et à exhorter les autorités turques à respecter leurs propres obligations internationales.

[1] Selahattin Demirtas, Figen Yüksekdag, İdris Balüken, Leyla Birlik, Selma Irmak, Nursel Aydogan, Gülser Yıldırım et Ferhat Encü ont été détenus et se trouvent actuellement dans différentes prisons. Ziya Pir, Sırrı Süreyya Önder et İmam Taşçıer ont été libérés sous contrôle judiciaire.

[2] Pour des détails sur toute lampleur de cette répression, consulter la fiche de recherche dEuroMed Droits intitulée « La Turquie : un pays sûr ? » ainsi que la fiche de recherche de notre membre, l’IHD, sur « les violations commises depuis la tentative de coup d’État et l’instauration de l’état d’urgence »