Ankara/ Bruxelles, 2 Octobre 2015– EuroMed Droits exprime sa profonde inquiétude quant à l’arrestation de représentants de son organisation membre turque, IHD (Association pour les droits humains). Ces arrestations ont suivi des opérations de raids menées par les forces de police contre une branche de l’IHD, située dans la ville de Siirt, au sud-est du pays le 30 septembre dernier.
Notre organisation condamne avec fermeté ces attaques incessantes, qui sous le prétexte de lutter contre le terrorisme, visent à étouffer les voix dissidentes pacifiques en Turquie.
“Ces arrestations sont contraires aux instruments internationaux des droits humains, comme la déclaration sur les défenseurs des droits humains. Nous exhortons les autorités turques à respecter ses engagements internationaux, tout comme nous dénonçons cette volonté de décourager les citoyens de prendre part aux activités de la société civile. » a déclaré le Président d’EuroMed Droits, Michel Tubiana.
“Ceux qui sont détenus dans les postes de police sur le simple motif qu’ils exerçaient leur droit à la liberté d’expression et d’association doivent être immédiatement relâchés, et ce sans conditions. Les charges retenues à leur encontre doivent également être abandonnées. » a ajouté Michel Tubiana.
Mercredi dernier, les bureaux de l’IHD à Siirt ont été l’objet de raids et les forces de police ont confisqué des livres, rapports et autres documents, ainsi que des ordinateurs. Ces opérations font partie d’une opération plus large visant certains partis politiques turcs (parti démocratique des peoples- HDP et le parti démocratique des régions -DBP) ainsi que plusieurs organisations de la société civile. Onze personnes ont été arrêtées à la suite de ces opérations, parmi elles des représentants de l’IDH et les défenseurs Zana Aksu, Azat Taş et Mirza Ekin détenus sous le couvert de la Loi anti-terrorisme d’avril 1991. Des journalistes et des membres du parti politique kurde DBP ont également été arrêtés.
Ces incidents interviennent dans le cadre d’une inquiétante vague de répression à l’encontre des voix dissidentes. Depuis le 21 juillet jusqu’au 30 aout derniers, le gouvernement turc s’est engagé dans une vague d’opérations massives qui s’étale sur plus de 30 villes à travers le pays. 2686 personnes ont été arrêtées, pour la plupart kurdes et opposants du parti de gauche HDP. 352 de ces personnes ont été emprisonnées. En août, deux représentants de l’IHD Emirhan Uysal et Deniz Sürgüt, avocat, ont été arrêtés lors de deux opérations distinctes à Sirnak. L’avocat Deniz Sürgüt est toujours en détention préventive à l’heure actuelle. Le 28 juillet, le Président turc avait appelé à lever l’immunité parlementaire du chef du parti HDP Selahattin Demirtas ainsi que celle d’autres membres importants du parti. Le président avait justifié sa requête par un discours inquiétant, arguant que « toute personne ayant des liens avec des organisations terroristes devait en payer le prix ».