Révolution tunisienne : en avant la suite !

Depuis la révolution de 2011, la Tunisie a pu accomplir des progrès considérables sur le plan des droits humains et des libertés fondamentales, mais l’instabilité politique, économique et sociale persiste.

C’est le constat que dresse EuroMed Droits à la veille de la réunion du sous-comité « Droits de l’Homme, démocratie et État de droit » entre la Tunisie et l’Union européenne, qui se tiendra le 26 janvier 2021. 

L’adoption d’une nouvelle Constitution, proclamée le 26 janvier 2014, garantit globalement les principaux droits et libertés et met en place les fondements d’un Etat de droit, et l’organisation d’élections législatives, présidentielles et municipales libres et démocratiques ont débouché sur la mise en place de nouvelles institutions.  

La Tunisie a également adopté certaines lois révolutionnaires dans le monde arabe, dont la loi contre les violences à l’égard des femmes et la loi relative aux discriminations raciales. Cependant, beaucoup reste à faire pour traduire dans la pratique les lois adoptées et harmoniser l’ensemble de l’arsenal législatif avec la Constitution et les Conventions internationales ratifiées par la Tunisie.  

Sur le plan politique, tant le système de répartition des pouvoirs adopté dans la nouvelle Constitution que les dispositions de la loi relative aux élections et aux référendums sont à l’origine d’une instabilité politique continue depuis dix ans. Celle-ci pèse sur la conduite de l’Etat et la mise en place des réformes nécessaires pour sortir le pays des crises politique, économique, sanitaire et sociale endémiques que connait la Tunisie depuis des décennies. 

Les attaques contre les libertés individuelles et les droits des femmes se poursuivent. L’adoption de deux projets de loi existants sur l’égalité successorale homme-femme et sur la création d’un « Code des droits et des libertés individuelles » pourraient permettre des changements positifs dans ce domaine. 

Sur le plan économique et social, la situation est critique. Les différents gouvernements qui se sont succédé après la révolution n’ont pas encore réussi à mettre en place un modèle économique qui prenne en considération les aspirations des Tunisien.ne.s, notamment en ce qui concerne la création d’emplois dignes, le développement de l’ensemble de leurs droits économiques et sociaux, et la réduction des disparités régionales et sociales. Le taux d’inflation, la détérioration du dinar, la baisse du pouvoir d’achat, les pénuries observées au niveau des produits de première nécessité et de certains médicaments affectent durement la vie quotidienne des citoyen.ne.s, ce qui entraîne une recrudescence sans précédent des mouvements sociaux. En Tunisie, où l’économie est ouverte sur le monde et par conséquent vulnérable à tous les chocs exogènes, la pandémie de COVID-19 a des conséquences désastreuses dans la mesure où l’ensemble des secteurs vitaux (à l’exception de l’agriculture) sont durement affectés.  

Pour marquer le dixième anniversaire de la révolution de 2011, EuroMed Droits publie ce mois-ci un « Etat des lieux des droits humains en Tunisie ». Ce document, qui propose une analyse des avancées obtenues grâce à l’engagement de la société civile tunisienne, a été envoyé aux autorités compétentes en vue de la réunion du sous-comité du 26 janvier.