Le 24 février 2011, le gouvernement algérien levait l’état d’urgence en réaction à la vague de protestation populaire qui a pris la région d’assaut et qui commençait à prendre de l’ampleur au même moment en Algérie. La communauté internationale, tout comme l’Union européenne, a félicité les autorités algériennes de cette levée ainsi que de leur volonté affichée de procéder à desréformes démocratiques.
Dans son tout dernier rapport intitulé « La levée de l’état d’urgence : Un trompe l’œil. Exercice des libertés d’association, de réunion et de manifestation en Algérie », le Réseau Euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH) constate que, contrairement aux annonces, la levée de l’état d’urgence n’a pas été accompagnée d’une ouverture de l’espace public ni de concrètes améliorations en matière de libertés fondamentales.
Dans ce rapport qui marque le premier anniversaire de la levée de l’état d’urgence, le REMDH rend compte du harcèlement des militants par la police, de l’interdiction non justifiée de manifester et de se réunir dans les endroits publics, ainsi que du recours aux pratiques administratives abusives pour entraver les activités des associations. Le rapport conclut que la levée de l’état d’urgence n’est qu’un trompe-l’œil derrière lequel se maintiennent de nombreuses entraves à l’exercice des libertés publiques et individuelles ainsi que les violations des droits de l’Homme.
« Aujourd’hui, un an après les révoltes qui ont secoué la région, force est de constater que le processus de réformes législatives contredit le discours officiel de changement », a déclaré Kamel Jendoubi, Président du REMDH. En particulier, la nouvelle loi relative aux associations (nº12-06 du 12 janvier 2012) restreint drastiquement la liberté des associations algériennes en ce qui concerne la création des associations, leur financement et leur coopération avec des associations internationales.
« Depuis des années les divers rapports et communiqués réalisés par le REMDH et nos membres algériens pointent du doigt les pratiques abusives utilisées par les autorités algériennes pour interférer dans la vie associative » continue Kamel Jendoubi. « Nous profitons de la publication de notre rapport aujourd’hui pour dénoncer, une fois de plus, des pratiques abusives déjà largement mises en œuvre par les autorités administratives qui, avant étaient contraire à la loi, mais qui hélas sont aujourd’hui codifiées dans la nouvelle loi relative aux associations».
Le rapport « La levée de l’état d’urgence : Un trompe l’œil. Exercice des libertés d’association, de réunion et de manifestation en Algérie » du REMDH fera l’objet d’un lancement officiel courant mois de mars lors d’une conférence de presse à Alger.