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Opération Irini : de nombreuses inquiétudes pour les droits humains

Tout en reconnaissant les efforts de l’Union européenne (UE) pour une sortie de crise pacifique en Libye, EuroMed Droits appelle l’UE et ses Etats membres à mettre en place des mesures concrètes fondées sur les droits humains afin de protéger les personnes réfugiées et migrantes passant par la Libye. Des voies légales d’accès vers le territoire européen doivent être ouvertes et des mesures de protection doivent être mises en place pour ceux qui en ont besoin. EuroMed Droits exprime ses inquiétudes concernant deux aspects relatifs à la Décision du Conseil du 31 mars 2020 de lancer une opération militaire pour mettre en place l’embargo sur les armes décrété par les Nations Unies, à savoir :

  • La collaboration entre les forces européennes, les garde-côtes et la marine libyenne en vue du “renforcement des capacités et de la formation” comme souligné dans l’Article 4 de la Décision du Conseil. Ces dernières années, l’assistance internationale fournie aux garde-côtes libyens en termes de renforcement des capacités et de formation dans la gestion de la migration a eu un impact négatif sur les droits humains des populations migrantes. Il est estimé que ces formations ont permis aux autorités libyennes de refouler plus de 40.000 hommes, femmes et enfants vers des camps dont les conditions de détention inhumaines violent les Conventions internationales relatives aux droits humains. Par ailleurs, des journalistiques crédibles et des documents du Conseil de sécurité des Nations Unies ont mis en évidence une collusion entre les garde-côtes libyens et des membres de milices locales.
  • L’annonce informelle de l’ouverture de ports de débarquement pour les migrant.e.s intercepté.e.s par la Grèce durant l’Opération Irini. Cette proposition semble illogique étant donné la récente suspension par la Grèce du droit d’asile sur son territoire. La Grèce a également enregistré le plus important nombre d’entrées terrestres et maritimes en Europe. Les camps grecs sont surchargés et font face à des conditions sanitaires déjà déplorables, rendues encore plus précaires par l’épidémie de COVID-19.

En cette période critique, l’UE doit soutenir les plus vulnérables, et parmi eux les populations migrantes et réfugiées qui subissent un traitement inhumain et dégradant en Libye, un pays déchiré par la guerre et désormais menacé par une crise sanitaire mondiale.