Pendant des années, nous, activistes des droits humains, nous sommes battu.e.s contre ce dilemme : devrions-nous abandonner notre liberté pour garantir notre sécurité ? Des années de lutte et d’expérience nous ont appris que toute sécurité sans liberté et sans justice est illusoire. Cette année, pour la première fois depuis des décennies et même des siècles, nous voilà confronté.e.s à un défi particulier qui menace nos vies et pourrait menacer nos libertés. Voilà le nouveau dilemme que présentent beaucoup d’autocrates : votre santé ou votre liberté ?
Nous n’y étions pas préparé.e.s, personne ne l’était… Après la première onde de choc, que chacun.e d’entre nous a géré avec les moyens du bord, il est important de prendre du recul et de regarder ce défi en face ; il est important de penser comment y répondre sans compromettre notre avenir. Le déni de la crise serait criminel, pas seulement individuellement mais collectivement. Se réfugier dans les théories complotistes et celles qui minimalisent la pandémie le serait aussi.
En même temps, se voiler la face et vouloir croire que les régimes autoritaires, autocratiques et même certaines démocraties sont devenues du jour au lendemain des organismes de charité est aussi illusoire que l’idée que le virus va s’éteindre tout seul. Il est de notre devoir de rester vigilant, de ne pas avoir peur ou honte d’élever la voix là où notre liberté et notre droit à la vie privée sont menacés. Combattre la pandémie est une priorité, mais ce combat ne sera gagné que s’il est mené dans le respect des droits. Les malades et les personnes à risque sont avant tout des êtres humains qui ont des droits et des devoirs.
Mettre en œuvre des mesures restrictives et coercitives pour freiner la propagation du virus ne devrait pas se faire arbitrairement et servir de moyen pour opprimer davantage les citoyen.ne.s, comme nous le constatons dans plusieurs pays de la région euro-méditerranéenne. La pandémie était imprévisible mais notre réponse se doit d’être transparente et claire. Nous gagnerons ce combat si tout le monde fait son devoir, et seule la garantie du respect absolu des droits peut rendre cette victoire possible.
Wadih Al-Asmar
Président d’EuroMed Droits