Le REMDH exprime son inquiétude face au jugement rendu par le tribunal correctionnel d’Aïn Sebaâ de Casablanca, qui condamne onze jeunes activistes du M20F à des peines allant jusqu’à un an de prison ferme suite à leur participation à une manifestation syndicale pacifique.
Le 6 avril dernier, une marche nationale de protestation était organisée à Casablanca pour la défense du pouvoir d’achat, la dignité, la liberté et la justice sociale. La manifestation autorisée par les autorités, était organisée par trois syndicats, la Fédération Démocratique du Travail (FDT), la Confédération Démocratique du Travail (CDT) et l’Union Marocaine pour le Travail (UMT) et soutenue par des organisations telles que le Mouvement du 20 février (M20F), l’Union Nationale des Etudiants du Maroc (UNEM) et l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs (ANDCM). Environ dix mille personnes ont participé à cette marche pacifique.
Pendant la manifestation, la police a tabassé puis arrêté onze jeunes militants leaders du Mouvement du 20 février, qui scandaient des slogans contre la corruption et le régime politique actuel. Ces arrestations ciblées ont eu lieu à l’intérieur du cortège et le reste des manifestants n’a pas été victime de violences. Depuis le 6 avril 2014, neuf d’entre eux étaient poursuivis en état d’arrestation et deux en liberté provisoire. Ils ont été accusés de « violence envers un agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions » (article 267 du code pénal marocain) et « participation » et « organisation d’une manifestation non déclarée » (article 11 et 14 du décret sur les rassemblements publics).
Jeudi 22 mai 2014, le tribunal correctionnel d’Aïn Sebaâ de Casablanca a rendu son jugement et condamné les onze militants du Mouvement du 20 février à des peines allant jusqu’à un an de prison: Hamza Haddi, Youssef Bouhlal, Hamid Alla, Abdellatif Essarsri et Abdelghani Zaghmoun sont condamnés à un an ferme, A’aras Mustafa, Ayoub Boudad, Hakim Sarrokh et Mohamed Harraq à six mois fermes et enfin, Fouad Al-Baz et Amine Lekbabi à deux mois avec sursis. Ils devront également verser des dédommagements à hauteur de 50,000 dirhams (4,500 euros) à la Direction générale de la sûreté nationale.
Le Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme (REMDH) appelle les autorités marocaines à garantir de manière effective la liberté des citoyens marocains de se rassembler et de manifester pacifiquement et d’exprimer leurs opinions, même lorsque celles-ci sont critiques envers les institutions. Le REMDH juge ces condamnations arbitraires et appelle à la libération des manifestants détenus et à l’abandon des charges retenues contre eux.
Le REMDH, appelle également l’Union européenne (UE) à travers la Délégation de l’UE ainsi que les ambassades des Etats-membres au Maroc, à entreprendre immédiatement toute action de protection à l’égard des défenseurs et militants des droits de l’Homme, et à demander aux autorités marocaines de mettre en œuvre les objectifs relatifs aux droits de l’Homme du Plan d’action UE-Maroc dans le cadre de la Politique européenne de voisinage.