A l’heure d’écrire ces lignes, plus de 4 millions de réfugié.e.s ont fui l’Ukraine depuis l’attaque de la Russie, et 13 millions de personnes supplémentaires sont directement touchées par le conflit. Par ailleurs, plus de 13 millions de Syrien.ne.s sont actuellement déplacé.e.s à l’intérieur ou l’extérieur de leur pays. Nous ne pouvons que constater les différentes réponses apportées par l’UE aux déplacements de personnes venant d’Ukraine par rapport à d’autres « situations migratoires ».
La réponse de l’UE aux personnes fuyant l’Ukraine fut extrêmement positive, avec l’activation de la Directive sur la protection temporaire, obligeant les États européens à offrir des permis de séjour d’au moins un an et des accès à l’éducation, aux soins de santé, au travail et au logement. L’UE a également mobilisé plus de 400 millions d’euros pour l’aide humanitaire et l’accueil des réfugié.e.s ukrainien.ne.s, via plusieurs mécanismes de financements européens.
Pendant ce temps, des centaines de migrant.e.s, demandeur.se.s d’asile et réfugié.e.s aux autres frontières européennes n’ont pas la chance de bénéficier de cet accueil. Au contraire, ces personnes sont détenues, refoulées, souffrent de traitements dégradants, voire meurent dans leur tentative d’atteindre les côtes européennes.
Des migrant.e.s perdent toujours la vie en mer
À la frontière entre la Pologne et la Biélorussie par exemple, au moins 73 réfugié.e.s, principalement originaires de Syrie, d’Irak, du Pakistan et de Turquie, ont été arrêté.e.s par les gardes-frontières polonais. Côté biélorusse, environ 1 500 personnes sont bloquées, principalement des Irakiens, Syriens, Afghans, Iraniens et Égyptiens. À la frontière franco-britannique, les expulsions, arrestations et violences à l’encontre des réfugié.e.s de Calais se poursuivent : le 15 mars 2022, quatre bateaux de migrant.e.s étaient en détresse dans la Manche. En Espagne, le militant algérien du Hirak et demandeur d’asile Mohamed Benhlima a été expulsé vers l’Algérie, où il risque des tortures et autres traitements dégradants.
De nombreux autres personnes sont susceptibles de mourir en tentant de traverser la Méditerranée. Le 12 mars 2022, au moins 44 personnes se sont noyées au large de Tarfaya (sud du Maroc) alors qu’elles tentaient de rejoindre les îles Canaries. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au cours des deux premières semaines de mars 2022, au moins 70 migrant.e.s auraient perdu la vie au large des côtes libyennes. L’OIM a recensé au moins 348 décès de migrant.e.s en mer en Méditerranée depuis janvier 2022, mais le nombre réel est probablement plus élevé.
Ces exemples parmi tant d’autres montrent le « deux poids, deux mesures » de l’UE envers les personnes en quête de protection. Cela n’est pas tolérable. Toutes les personnes cherchant une protection en Europe doivent être bienvenues et pouvoir bénéficier des mêmes normes d’accueil et de protection !