Nombre d’entre nous sont confinés afin de minimiser le risque de contracter le COVID-19. Ce n’est pas le cas des défenseur.e.s des droits humains détenu.e.s avant procès en Egypte. Le refus des autorités de les libérer de leurs conditions de détention insalubres atteste d’une récupération de la pandémie afin d’éliminer toute critique.
Les prisons égyptiennes sont surchargées, sales et manquent régulièrement d’un accès à l’eau potable et à des services de santé adéquats. Une situation qui concoure à les transformer en foyers d’infection contagieuse. Les détenu.e.s sont souvent privé.e.s d’accès à la lumière naturelle, d’exercices et d’une ventilation suffisante, ce qui affecte sensiblement leur état de santé. Depuis le début de la crise, les autorités ont coupé les communications entre les prisonniers et l’extérieur, compliquant davantage la possibilité qu’auraient leurs proches de leur fournir des produits de première nécessité tels que du savon. En même temps, le personnel carcéral qui entre et sort des prisons facilite la propagation du virus aux détenu.e.s et à la société égyptienne en général.
Le régime abuse régulièrement de la détention avant procès – théoriquement réservée aux cas exceptionnels – comme d’un outil pour punir les défenseur.e.s des droits humains de leur travail légitime en faveur des droits. Ils/elles sont souvent détenu.e.s pour deux ans, voire plus, sur de fausses accusations liées à la sécurité nationale telles que « la propagation de fausses informations » ou « l’entremise avec des groupes terroristes ». Cette peine est désormais aggravée par la menace que le COVID-19 fait peser sur la population carcérale.
En mars, les autorités ont libéré 15 activistes sous la pression de groupes de défense des droits humains, mais ce nombre reste négligeable comparé aux milliers encore détenus derrière des barreaux. Pire encore, les arrestations de défenseur.e.s des droits humains se poursuivent. L’avocat Mohsen Bahnasi a ainsi été incarcéré, supposément pour ses appels demandant la libération de prisonniers suite aux inquiétudes posées par le COVID-19. Par ailleurs, des textes de loi ont récemment été adoptés afin d’empêcher la libération conditionnelle de prisonniers détenus sous le coup de la loi anti-terroriste et sur les rassemblements, qui concerne la majorité des défenseurs des droits humains.
Les parutions au tribunal ont été suspendues au moins jusqu’au 30 avril. Les auditions de renouvellement de la détention avant procès de nombreux défenseur.e.s des droits humains ont été repoussées, parfois jusqu’à six reprises, pour endiguer la pandémie. Pendant ce temps, les défenseur.e.s restent incarcéré.e.s et vulnérables face au virus. La crise prolongera certainement leur détention tout en exacerbant la pression psychologique d’être pris au piège dans un système injuste.
Qu’a fait EuroMed Droits ?
EuroMed Droits a présenté des recommandations à l’UE, à ses Etats membres et aux pays partageant leur point de vue. EuroMed Droits a notamment demandé à ces pays d’exhorter l’Egypte à :
- Libérer immédiatement et sans conditions tous les défenseur.e.s des droits humains détenu.e.s de manière arbitraire ;
- S’assurer que les détenu.e.s soient traité.e.s en conformité avec l’ensemble des règles minima pour le traitement des détenu.e.s adoptées par les Nations Unies (règles Nelson Mandela) ;
- Autoriser l’accès aux détenu.e.s pour leur famille et leur conseil juridique, en respectant les mesures d’hygiène appropriées.
Les recommandations complètes sont disponibles ci-dessous (en anglais uniquement).