Les violations des droits des femmes et des personnes LGBTQI+ s’intensifient dans la région euro-méditerranéenne. Une multitude d’acteurs originaires de pays autocratiques, illibéraux et même démocratiques adoptent désormais publiquement des positions anti-femmes et anti-LGBTQI.
Ces attaques prennent des formes multiples. Malgré la forte mobilisation des organisations de défense des droits des femmes dans la région, de nombreuses violations passent à travers les mailles du filet. Pour la seule année 2021, de sérieux retours en arrière ont été constatés dans la région. Le Président Erdogan a unilatéralement retiré la Turquie de la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Des militantes égyptiennes ont dû se mobiliser contre une révision de la loi sur le statut personnel qui les priverait de leur statut légal pour conclure un contrat de mariage ou réclamer la tutelle de leurs enfants. Le Président tunisien Kais Saied a de nouveau souligné son opposition à l’égalité en matière d’héritage, mettant en péril les espoirs forgés par des millions de femmes.
Alors que l’instabilité politique et économique continue de conduire à une réaffirmation des rôles traditionnels des hommes et des femmes, dans d’autres parties de la région, les droits des femmes sont utilisés pour présenter une façade « moderne », dissimulant ainsi des violations majeures des droits humains. Sans opposition, ces positions et opinions s’infiltrent lentement dans les systèmes juridiques et deviennent des lois, altérant durablement les droits des femmes et des personnes LGBTQI+.
Aucune violation ne doit passer inaperçue
EuroMed Droits s’engage à amplifier la voix des militant.e.s des droits des femmes et des activistes LGBTIQ+ dans toute la région. Pour ce faire, le réseau a récemment publié une cartographie pour documenter ces attaques (site en anglais). Ce nouvel outil fournira aux citoyen.ne.s, aux organisations de la société civile, aux journalistes et aux décideur.se.s des informations vérifiées par des sources fiables émanant de la société civile. Cet outil, qui se focalise pour l’instant sur neuf pays (Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte, Palestine, Jordanie, Liban, Syrie, Turquie), vise à faciliter le travail de suivi et de plaidoyer des militant.e.s.
La cartographie des attaques contre l’égalité des genres est un outil collaboratif. Les activistes de chaque pays sont invité.e.s à partager les violations en cours en utilisant la section dédiée de la cartographie (site en anglais). Celles-ci seront ensuite examinées par EuroMed Droits avec l’aide de ses membres et partenaires. Une fois vérifiés, les cas soulevés seront publiés pour permettre aux militant.e.s de continuer leur travail en faveur des droits des femmes et des personnes LGBTQI+.