Le Fonds monétaire international (FMI) et le gouvernement tunisien finalisent actuellement les détails d’un prêt de 1,9 milliard de dollars convenu en octobre 2022, qui serait le troisième grand programme du FMI dans le pays depuis 2011.
Une exigence clé du FMI dans les négociations avec la Tunisie a été de remplacer le système de subventions universelles par une protection ciblée afin de ne bénéficier qu’aux plus vulnérables. Parmi les autres exigences figurent des recommandations politiques problématiques qui encouragent la privatisation et l’austérité (soit la réduction des dépenses sociales). Cette approche de la protection sociale est symptomatique d’une série de politiques du FMI qui sont toutes en contradiction avec les droits humains.
Historiquement, le FMI n’a jamais encouragé aucune forme de protection sociale. Cependant, avec la publication de la Stratégie d’engagement du FMI en matière de dépenses sociales en 2019, le Fonds a reconnu la nécessité d’augmenter les dépenses sociales pour soutenir les groupes vulnérables. Néanmoins, si des étapes positives sont perceptibles, telles que la reconnaissance que les politiques d’austérité ont un impact négatif sur les inégalités, la stratégie du Fonds ne parvient pas à remettre en question de manière structurelle la façon dont l’élaboration des politiques budgétaires devrait aborder la protection sociale, non pas comme une forme de réduction des risques, mais parce que c’est un droit humain.
Le FMI continue d’exiger et de promouvoir des mesures d’austérité tout en conseillant des mesures d’aide sociale ciblées pour contrebalancer leurs effets sur les segments les plus pauvres de la population. Cependant, la protection sociale étant un droit humain, il est de la responsabilité de l’État de mettre en œuvre un système de protection sociale universel qui favorise la justice sociale. Cela doit se faire par l’utilisation de planchers de protection sociale qui garantissent la sécurité du salaire minimum et des niveaux de vie décents, non seulement aux plus pauvres et aux plus vulnérables, mais aussi à la classe moyenne qui a besoin d’être protégée des différents risques de perte de moyens de subsistance.
Maintenant que la nouvelle loi de finances tunisienne a été adoptée, le gouvernement prévoit des réductions importantes des subventions comme le recommande le FMI, qui semble être prêt à finaliser l’accord dans les prochaines semaines. Le cas de la Tunisie n’est qu’un exemple de la manière dont les mesures d’austérité continuent d’occuper une place centrale dans les conditions de prêt du FMI, mais il existe des alternatives.
La protection sociale universelle peut être réalisée par la redistribution des richesses et des ressources publiques, la réduction de la dette et les réformes fiscales qui favorisent le financement solidaire. Les organisations de la société civile ont la responsabilité d’utiliser les nombreux cas bien documentés des effets néfastes de l’austérité et de faire campagne pour proposer des alternatives à ces politiques néfastes.
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