A la veille de la Journée internationale des migrant.e.s, EuroMed Droits dénonce l’escalade de la violence contre les migrant.e.s et les réfugié.e.s en Libye et le silence complice de l’UE.
A la veille de la Journée internationale des migrant.e.s, alors que la Libye est censée organiser des élections présidentielles et parlementaires le 24 décembre prochain, EuroMed Droits dénonce l’escalade de la violence contre les migrant.e.s et les réfugié.e.s en Libye et le silence complice de l’Union européenne (UE).
L’année 2021 a vu un nouveau sommet dans le niveau d’horreur auquel sont confronté.e.s les migrant.e.s et les réfugié.e.s. Le récent raid mené par les autorités de sécurité libyennes contre les migrant.e.s et les réfugié.e.s dans la ville de Gargaresh, près de Tripoli, l’illustre bien : plus de dix personnes ont été tuées et 5.000 – dont des femmes et des enfants – ont été brutalement arrêtées. Les expulsions violentes et forcées de demandeur.se.s d’asile originaires du Soudan, de l’Érythrée, de la Somalie et du Tchad, y compris des enfants et des femmes enceintes, sont en augmentation, comme l’a récemment dénoncé la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme.
La violence n’est plus cachée, comme le montrent les récents événements survenus devant le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) : les migrant.e.s et les réfugié.e.s qui protestaient contre leurs conditions de vie inhumaines et bien documentées se sont heurtés à la répression brutale de milices armées.
Violence sur terre, violence en mer
Ces conditions de vie abjectes sont indirectement entretenues par l’UE et ses États membres qui soutiennent les soi-disant garde-côtes libyens. En leur fournissant des équipements, des formations et des fonds, l’UE (et particulièrement l’Italie) ont contribué à l’interception navale et au refoulement de plus de 30.000 personnes vers les centres de détention libyens durant la seule année 2021. Cela a généré un cycle de violence car les migrant.e.s repoussé.e.s sont systématiquement détenu.e.s dans des conditions inhumaines et dégradantes dans des camps disséminés dans le pays.
Ce « partenariat UE-Libye » est en passe d’être étendu suite à la fourniture par l’UE d’équipements et d’outils logistiques destinés à améliorer la capacité de surveillance maritime, et ce, en vue de créer un centre mobile de coordination des secours maritimes dans les eaux libyennes. La livraison a eu lieu le 7 décembre dernier avec l’aide du gouvernement italien, au cours de ce qui devait être une opération « secrète ».
Cette livraison a fait suite à la rencontre, le 22 novembre, de la Commissaire européenne Ylva Johansson avec le vice-président du Conseil présidentiel libyen, Moussa al-Koni, pour discuter de la gestion des migrations dans le pays. Une rencontre qualifiée d’« ouverte et constructive » au cours de laquelle la commissaire a réitéré l’engagement de l’UE à aider la Libye à gérer ses frontières.
Le fait que les navires de sauvetage des ONG européennes soient menacés par les soi-disant garde-côtes libyens ne trouble en rien les responsables européens, malgré la qualification de tous les abus et actes inhumains en tant que « crimes contre l’humanité » potentiels, comme l’indique un récent rapport de la mission d’enquête indépendante des Nations unies sur la Libye.
L’UE peut d’ores et déjà soutenir les droits humains
Ce soutien intervient alors que la Libye se prépare, dans un climat d’extrême incertitude, à organiser des élections dont les résultats auront probablement un impact sur les moyens de subsistance de milliers de migrant.e.s et de réfugié.e.s enfermé.e.s dans les camps libyens. L’UE et ses États membres peuvent déjà montrer leur soutien aux droits humains.
« En mettant fin à sa politique de refoulement qui entraine de nombreux décès, en cessant tout soutien aux garde-côtes libyens et tout transfert financier et d’équipement aux autorités de sécurité libyennes, et en ouvrant des voies légales pour des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui sont confronté.e.s à la violence et aux abus quotidiens, l’UE peut faire la différence dès maintenant ! », a déclaré Wadih Al-Asmar, le Président d’EuroMed Droits.
Vous pouvez écouter l’épisode de podcast d’EuroMed Droits « En Libye, la violence empire de jour en jour » sur ce lien (podcast en anglais).