Les évènements qui se déroulent actuellement en Égypte soulèvent les plus grandes inquiétudes. Ils sont d’abord la conséquence des décennies d’absence de démocratie. La seconde intervention des forces armées a eu lieu dans un contexte où le pouvoir politique du Président Morsi, s’il émanait d’une élection reconnue tant nationalement qu’internationalement, se confrontait à des secteurs de plus en plus large de la société égyptienne : la volonté du Président Morsi et de ses partisans de s’approprier tous les mécanismes de l’Etat et de nier le rôle de la société civile contredisait l’aspiration à la démocratie d’une grande partie du peuple égyptien. La dégradation de la situation socio-économique, l’appauvrissement généralisé ont aggravé considérablement la situation.
L’action des forces armées égyptiennes, hors du champ constitutionnel, ouvre une nouvelle période au cours de laquelle se joue l’avenir d’une société démocratique en Égypte C’est, en effet, dès aujourd’hui, dans la période de transition, que se construisent les conditions d’un futur démocratique
Des élections tant législatives que présidentielles doivent être organisées, sous observation internationale, sans autre délai que celui nécessaire pour les organiser et toutes les forces politiques doivent être admises à y participer.
Les forces armées doivent revenir à leur rôle normal, c’est à dire la défense extérieure de l’Etat et cesser d’intervenir dans le maintien de l’ordre. Une enquête doit être diligentée concernant les violences qui ont eu lieu qu’elles soient imputables à des manifestants, à l’armée ou à la police.
La fermeture arbitraire de médias sans recours légal ou l’interdiction de partis politiques n’est en aucune manière acceptable, en dépit d’allégations d’incitation à la violence. Le REMDH condamne toute incitation à la violence.
De manière générale, seuls les Tribunaux, en tant qu’instance indépendante menant des procès équitables, conformément aux standards internationaux, doivent être appelés à juger des accusations portées contre des individus ou contre des médias, partis, etc.
Nul ne doit être détenu à raison de ses opinions. S’appuyant sur ce qui existe déjà tant au niveau normatif que dans le cadre de l’institution judiciaire, l’autorité en charge de la période de transition doit, d’ores et déjà, pendre toutes les mesures nécessaires pour garantir les libertés individuelles et collectives ainsi que l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Le REMDH exprime enfin son extrême préoccupation face à la multiplication alarmante des violences sexuelles contre les femmes notamment pendant les dernières manifestations et appelle les autorités égyptiennes à prendre des mesures urgentes et spécifiques contre ces violations.
Le REMDH souligne le rôle essentiel de la société civile égyptienne dans le processus de construction de la démocratie. L’indépendance et l’autonomie, y compris financière, de la société civile doivent être reconnues et garanties.
Le REMDH appelle les institutions de l’Union Européenne et les gouvernements des États membres à apporter leur aide au processus de transition en cours, en soutenant l’action de ceux et celles qui s’y inscrivent.