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Calais, la violence de la frontière – Mission d’enquête

La lutte des États de l’Union européenne et de leurs voisins immédiats contre les migrants sans-papiers ne cesse de s’amplifier. Outre les opérations policières menées le long des frontières extérieures de l’UE, sur l’île de Lampedusa en Italie et près des villes espagnoles de Ceuta et Melilla, dans le nord du Maroc, des interventions ont aussi eu lieu à l’intérieur de l’Union européenne, notamment à Patras, en Grèce, et à Calais.

Du fait de la proximité géographique de Calais avec les capitales européennes de Bruxelles, Londres et Paris, la destruction de la « jungle » a été l’une des actions de « lutte contre l’immigration illégale » les plus médiatisées en Europe au cours de l’année 2009.

L’opération du 22 septembre 2009 n’a toutefois rien d’un événement isolé, ou à caractère exceptionnel, dans le contexte migratoire de Calais et de sa région. La question des migrants dans le Calaisis est à l’ordre du jour depuis longtemps déjà. En effet, du fait de la faible distance séparant les côtes britanniques et françaises à cet endroit du littoral, Calais est une zone de passage privilégiée. Ainsi, à la suite d’un accord entre Londres et Paris, le camp de Sangatte, géré par la Croix Rouge depuis 1999, a fermé ses portes le 31 décembre 2002. Cette opération qui avait pour objectif de « régler le problème de l’immigration à Calais » n’a toutefois rien changé aux raisons poussant les migrants à se déplacer ni à la faible distance avec la Grande-Bretagne. Les personnes déplacées ont donc continué d’affluer à Calais après la fermeture du camp de Sangatte, ce qu’elles font encore aujourd’hui, malgré la destruction en septembre 2009 du « camp pachtoune » clandestin.

Dans une première partie, ce rapport présente les conséquences immédiates de la destruction de la « jungle » sur la situation des migrants et des réfugiés à Calais et dans le département. Loin d’être un événement isolé, la destruction du 22 septembre doit, selon nous, être replacée dans le contexte plus large de la mosaïque des politiques européennes en matière d’immigration et de la mise en place d’un régime d’asile européen commun. Ainsi, nous montrerons que dans l’état actuel des choses, tant les personnes en transit au travers de l’Europe que les organisations locales de soutien sur le terrain aux personnes démunies se trouvent placées dans des situations difficilement supportables. En outre, le système d’asile en vigueur place les personnes nécessitant et ayant droit à la protection internationale dans des conditions inégales selon, notamment, leur nationalité ou le premier pays européen dont elles ont foulé le sol.

Ces disparités se traduisent à la fois en termes d’accès à une protection officielle, mais aussi dans les conditions de vie dans le pays garantissant la protection, et ce même lorsque le statut de réfugié a été accordé. Ainsi, les difficultés d’accès à la procédure, à la protection et au respect des droits économiques et sociaux condamnent les migrants en quête d’une vie décente à errer d’un pays de l’Union européenne à l’autre.

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