Copenhague, 29 novembre : EuroMed Droits appelle les autorités algériennes à mettre en conformité la législation nationale avec les dispositions du Pacte International relatif aux droits civils et politiques afin de garantir la liberté d’expression, d’association et de réunion en Algérie, comme prévu par la constitution du pays amendée en février 2016.
Dimanche 27 novembre 2016, la manifestation organisée par l’intersyndicale, regroupant différents syndicats autonomes notamment du secteur public, a été empêchée par un fort dispositif policier.
Les manifestants voulaient se rassembler devant l’Assemblée Populaire Nationale (APN) afin de demander l’arrêt du projet de loi sur les retraites qui remet en cause de nombreux acquis des fonctionnaires, selon les syndicats autonomes. La Grande Place, lieu où ils s’étaient donné rendez-vous, a été quadrillée par les forces de police et tous les accès bloqués afin d’empêcher d’autres manifestants de rejoindre le rassemblement. Les premiers militants arrivés sur la place, parmi lesquels Idir Achour, secrétaire général du CLA, l’un des organisateurs de la manifestation, ont été arrêtés dès leur arrivée sur la Grande Place vers 10 heures. D’après le témoignage d’Idir Achour, il a été retenu au Commissariat de la rue Caivaignac avec une centaine d’autres manifestants que la police a ensuite dispatchés dans plusieurs autres commissariats hors Alger. Toutes les personnes arrêtées ont été relâchées dans l’après-midi. Aucune poursuite judiciaire n’a été notifiée à ce jour.
Les manifestants qui ont essayé de rejoindre Alger en voiture ou en transports publics ont été empêchés de rejoindre le centre. Mourad Nekache, président du SNAP, témoigne avoir été bloqué en voiture par les barrages de police qui avaient été mis en place dès le matin très tôt aux portes d’Alger. La police bloquait aussi la gare routière et ferroviaire d’Alger.
Le droit de réunion est régulièrement bafoué en Algérie par la dispersion souvent violente des manifestations par les forces de l’ordre. Une manifestation pacifique de SOS Disparu(e)s devant l’APN avait été réprimée le 29 septembre 2016 et des femmes âgées, mères de disparus, arrêtées par la police. Le 6 février 2016, un colloque sur la situation socio-économique en Algérie pourtant organisé dans les locaux du Syndicat National des personnels de l’administration publique (SNAPAP), avait aussi été interdit.
EuroMed Droit exhorte les autorités à abroger le décret du 18 juin 2001 qui interdit toute forme de manifestation publique à Alger et à instaurer un régime de simple notification pour les manifestations publiques au lieu d’un régime d’autorisation préalable, comme déjà recommandé par le Rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression.