3,27 euros. C’était, en juin 2020, le coût moyen d’un kilogramme de fraises au sein de l’Union européenne. Alors que les pays de la région euro-méditerranéenne faisaient face à la pandémie de COVID-19, que certains gouvernements européens lançaient des appels à recrutement pour sauver les récoltes, des centaines de travailleur.se.s migrant.e.s (principalement des femmes originaires d’Afrique du Nord) continuaient de ramasser fruits et légumes. Et ce, dans des conditions de travail très souvent déplorables afin de garantir des prix bas.
Ces travailleur.se.s sont régulièrement victimes de violations de leurs droits humains sur tout le pourtour méditerranéen. Bien documentées en Espagne, en Italie et en France, ces violations affectent aussi les travailleuses agricoles dans le sud de la Méditerranée, bien que cela soit moins répertorié.
C’est notamment le cas de Ghizlan, une jeune étudiante et travailleuse agricole marocaine décédée lors de l’accident du camion qui la transportait, ainsi qu’une quinzaine d’autres femmes, vers leur lieu de travail. Ghizlan, qui travaillait pour financer la poursuite de ses études, recevait un salaire quotidien de 70 dirhams (un peu moins de 7 euros). Elle travaillait en dehors de tout cadre légal et ne bénéficiait d’aucune protection sociale, assurance ou contribution à la retraite. On estime à environ 4 millions le nombre de femmes qui travaillent dans ces conditions, en étant bien souvent victimes de violences morales, physiques ou sexuelles.
Si des milliers de travailleuses agricoles marocaines bloquées en Espagne lors de la crise du COVID-19 ont pu être rapatriées (après une forte mobilisation de la société civile marocaine et de longues négociations entre les gouvernements marocains et espagnols), cela ne doit pas faire oublier le travail législatif nécessaire, qui continue d’être promu par la société civile au Maroc et ailleurs, pour améliorer les conditions des travailleur.se.s agricoles dans leur pays.