L’Union européenne et ses États membres, davantage obsédés par la « protection des frontières de l’UE », se détournent des personnes déplacées afghanes. L’UE poursuit son externalisation du contrôle des migrations par le soutien aux pays tiers et le renforcement des mesures de gestion des frontières, au lieu de faire des promesses concrètes de réinstallation et d’accueil des réfugié.e.s afghan.e.s.
À la suite de la réunion ministérielle Justice et Affaires intérieures du 31 août 2021, les dirigeants européens ont souligné l’importance d’utiliser les clauses contenues dans les accords de réadmission entre l’UE et certains pays de transit, comme la Turquie et le Pakistan. Ce faisant, ils ont confirmé leur volonté d’externaliser leurs responsabilités en matière de migration et d’asile et de renvoyer les réfugié.e.s afghan.e.s dans les pays voisins de l’Afghanistan, où ils.elles peuvent être confronté.e.s à de graves problèmes de protection.
Les exemples sont déjà nombreux. Les réfugié.e.s afghan.e.s en France sont confronté.e.s à des obstacles croissants dans les procédures de réunification familiale. La Croatie repousse violemment vers la Bosnie des familles afghanes qui tentent de rejoindre l’Europe. La Bulgarie arrête et détient des réfugié.e.s afghan.e.s à la frontière avec la Grèce et la Turquie.
La Grèce met en place des patrouilles et des systèmes de surveillance pour intercepter les Afghan.e.s qui traversent la frontière. Sa décision ministérielle conjointe de considérer la Turquie comme un pays tiers « sûr » affectera directement jusqu’à 63% des citoyen.ne.s afghan.e.s qui résident actuellement dans le camp de Mavrovouni à Lesvos, à partir duquel ils.elles risquent d’être renvoyé.e.s en Turquie. Une cour d’appel grecque a déjà annulé la décision de renvoi prise par le bureau régional d’asile grec de Lesvos au motif que la Turquie ne pouvait être considérée comme un pays tiers sûr pour la famille demanderesse.
Et pourtant, l’UE continue de négocier pour inclure la situation des réfugié.e.s afghan.e.s dans son accord avec la Turquie. Les réfugié.e.s afghan.e.s sont confronté.e.s à de graves problèmes de protection en Turquie, car ils n’ont droit ni à une protection au titre de la Convention de Genève de 1951 ni à une « protection temporaire » contrairement aux réfugié.e.s syrien.ne.s. Ils.elles sont constamment expulsé.e.s de Turquie, détenu.e.s et repoussé.e.s à la frontière entre l’Iran et la Turquie. Les craintes d’une flambée de crimes haineux et d’attaques racistes se sont déjà intensifiées parmi les Afghan.e.s en Turquie.