Les campagnes de diffamation font désormais partie des outils servant à attaquer la mission et l’image des organisations de défense des droits humains. Dernière cible de cette bataille de la communication : le Centre des droits humains Al Mezan qui est visé par un rapport de NGO Monitor.
Dans l’intention de détourner l’attention de la situation des droits humains en Palestine, cet auto-proclamé « institut de recherche qui promeut les valeurs démocratiques et la bonne gouvernance » tente de mettre des bâtons dans les roues des organisations de défense des droits humains qui recensent et condamnent les violations des droits humains qui s’abattent sur les Palestinien.ne.s
Publié en août 2020, le rapport accuse Al Mezan de manquer de transparence dans leurs rapports financiers et d’entretenir des liens avec des organisations terroristes. Al Mezan et ses donateurs internationaux tels que le Ministère néerlandais des Affaires étrangères ont rapidement contesté ces fausses accusations. Le rapport est publié en avance d’un jugement de la chambre préliminaire de la Cour Pénale Internationale (CPI) concernant sa compétence sur la Palestine.
Les affirmations de NGO Monitor sont sans fondement, basées sur de faux jugements et sans aucun argument juridique solide. Sur le plan financier par exemple, depuis 2008, les bilans et rapports d’Al Mezan soumis à inspection peuvent être consultés sur le site de Transparency Palestine. Quant aux affirmations tendancieuses visant à relier Al Mezan à des groupes terroristes, l’Union européenne ou des Etats membres comme le Danemark ou l’Irlande ont déclaré que les allégations d’incitation à la terreur ou à l’antisémitisme de la part d’ONG soutenues financièrement par l’UE étaient « sans fondement et inacceptables, vagues et sans substance et alimentaient les campagnes de désinformation ».
Le brouhaha créé par ces rapports peut être entendu, de manière intentionnelle, par plusieurs franges de la société : il pointe du doigt les organisations de défense des droits humains en Israël comme des marginaux et des traîtres tandis que les groupes palestiniens sont assimilés à des organisations terroristes. En Europe, il fait peser des doutes quant à leur gestion financière et donne aux groupes d’extrême-droite l’excuse parfaite pour diaboliser davantage les organisations de défense des droits humains, au niveau national ou à l’étranger. Dans ce cas, le parti nationaliste néerlandais Parti de la Liberté s’est fait l’écho des accusations contre Al Mezan.
Bien que les donateurs aient reconnu que la crédibilité de NGO Monitor était douteuse, la considération polie donnée à chacune de leurs allégations lorsqu’un rapport sans fondement est publié augmente le fardeau que portent des organisations de défense des droits humains et font peser le doute sur leur intégrité. Celles-ci dédient de plus en plus de ressources (financières et humaines) et de temps pour contrer ces propos toxiques, ce qui restreint l’espace dont elles disposent pour mener leur mission : la protection et la promotion des droits humains.