En amont de la visite officielle en Egypte du président de la Chambre italienne des députés, Roberto Fico, les 15 et 16 septembre, EuroMed Droits l’exhorte à mettre en lumière le climat préjudiciable aux droits et libertés en Egypte.
EuroMed Droits demande à M. Fico de rappeler à ses interlocuteurs qu’aucune réelle tentative de rendre justice sur l’affaire Giulio Regeni n’a été réalisée par les autorités égyptiennes. Au contraire, ceux qui tentent de faire la lumière sur l’affaire sont punis. Par exemple, Ibrahim Metwally Hegazy, avocat des droits humains et fondateur de l’Association des familles de disparus, qui a fourni des conseils juridiques à la famille Regeni, a été accusé d’avoir fondé une organisation illégale et est en détention provisoire depuis an. L’arrestation d’Amal Fathi, l’épouse du directeur exécutif de la Commission égyptienne des droits et libertés (ECRF), en mai dernier, est un autre exemple de représailles contre ceux qui ont soutenu la famille Regeni.
Le cas Regeni est loin d’être isolé. En réalité, 1.520 cas de disparitions forcées ont été documentés par ECRF entre juillet 2013 et août 2018. Plus de 60.000 personnes sont actuellement détenues en Egypte, dans des conditions déplorables où la torture est courante. Il y existe une politique de torture généralisée, alimentée par l’impunité totale des forces de sécurité et le consentement au plus haut niveau de l’État.
Il y a seulement deux mois, le 17 juillet, le parlement égyptien a adopté une loi encourageant ce climat d’impunité : elle exempte certains hauts responsables de l’armée de poursuites judiciaires pour des crimes potentiels qui auraient eu lieu entre juin 2013 et juillet 2016, période qui a connu des massacres commis par l’armée et la police anti-émeute. Cette loi protège les personnes impliquées dans de graves violations des droits humains ou, pire encore, envoie le message que ces actions sont récompensées par le gouvernement. Le système judiciaire politisé et le manque d’application des droits humains, y compris ceux consacrés par la constitution égyptienne, ne font que renforcer ce cercle vicieux.
EuroMed Droits appelle Roberto Fico à clarifier publiquement et en privé que la nature et l’étendue des relations entre les deux pays dépend du fait que les autorités égyptiennes mettent fin aux politiques qui violent systématiquement leurs obligations en vertu du droit international des droits humains et de la Constitution égyptienne de 2014. Ceci inclut de faire la lumière sur ce qui est réellement arrivé à Giulio Regeni.
Lire en italien.