La féminisation des flux migratoires est telle que désormais, d’après la plupart des statistiques, les femmes représentent environ la moitié des migrants dans le monde. Un rapport de l’UNFPA migrantes, soit 49,6 % du nombre total de migrants internationaux à l’échelle du monde. Dans certains cas, des flux migratoires spécifiques sont presque entièrement féminins (par exemple, les chiffres pour l’Italie montrent que les populations migrantes en provenance des Philippines et de la Somalie sont largement composées de femmes, tandis qu’en France, la majorité des migrants d’Asie du Sud-Est sont des femmes).
Un rapport récent montre que les femmes constituent aujourd’hui 54% des émigrés dans l’Union européenne élargie. Les femmes, comme les hommes, émigrent pour de nombreuses raisons, et suivent à cette occasion des trajectoires très diverses. Cependant, les obstacles et les dangers induits par les migrations sont souvent différents pour les femmes, qui se heurtent à des sources d’insécurité supplémentaires en raison des inégalités auxquelles elles sont soumises en tant que femme dans leur situation économique, sociale et politique.Les persécutions et la violence à caractère sexiste sont parfois, chez les femmes, à l’origine de la décision d’émigrer, mais la violence genrée n’est pas toujours reconnue comme un motif de protection dans le pays dans lequel elles immigrent.
Les femmes sont également exposées à la violence pendant leur voyage vers la région Euromed. Cette vulnérabilité peut être accrue par des politiques et des législations relatives aux migrations, existantes ou en gestation, aussi bien au niveau supranational (UE) qu’au niveau national. Une étude récente a démontré, par exemple, l’étendue des violences exercées contre les demandeuses d’asile lorsqu’elles tentent de rallier l’un des pays membres de l’UE, ou encore les problèmes croissants de violence qui affectent les femmes africaines de la zone sub-saharienne au Maroc, du fait des forces de sécurité aussi bien que de leurs compagnons de migration.
La présente enquête est centrée autour d’études de cas réalisées dans quatre pays, dont deux – la France et l’Italie – appartiennent à l’Union européenne, et deux – l’Egypte et le Maroc – sont des pays partenaires du PEM. Elle repose à la fois sur des recherches théoriques et sur un travail de terrain. A cette fin, en complément de l’analyse des rapports et statistiques disponibles, les auteurs ont rencontré et interrogé des représentants d’organisations de société civile ainsi que des personnalités officielles (UE, ONU, IOM et représentants des gouvernements nationaux chaque fois que possible) dans chacun de ces quatre pays. Des missions sur le terrain ont été conduites au Caire, à Casablanca, à Oujda, à Rabat, à Bruxelles, à Paris et à Rome.