Le nombre de migrant.e.s qui tentent d’atteindre l’Europe ne diminue pas durant l’été. En l’absence de voies d’accès légales vers l’Europe et malgré la crise sanitaire, nombreux sont celles et ceux qui continuent de risquer leur vie en prenant la mer.
Parmi les 17.000 personnes qui ont atteint les côtes italiennes depuis janvier 2020, 7.000 étaient des Tunisien.ne.s qui fuyaient une situation politique et socio-économique fragile rendue encore plus précaire par la pandémie de COVID-19. Malgré cet état de fait, les réponses italienne et européenne ont été principalement sécuritaires : maintien des contrôles aux frontières et reprise des vols d’expulsion au rythme de deux par semaine.
En Libye, la situation géopolitique fragile s’est aggravée en raison de l’intervention « d’acteurs étrangers » dans le conflit, ce qui a entraîné une hausse du nombre de décès et de violations des droits humains pour les Libyen.ne.s et pour les migrant.e.s et réfugié.e.s qui tentent de fuir le pays. Ces huit derniers mois, les « garde-côtes libyens » (entraînés et équipés par l’Italie et Malte) ont renvoyé à Tripoli, de manière illégale, près de 7.000 migrant.e.s qui tentaient de quitter le pays. Depuis 2015, 63.000 personnes au total ont été repoussées vers la Libye.
En mer, cinq naufrages ont entraîné environ 120 morts et 160 disparitions (le dernier datant du 15 septembre dernier). Le nombre de corps retrouvés sur le rivage libyen augmente et s’ajoute aux douzaines qui ont perdu la vie sur la route des Iles Canaries lors d’un été tragique pour les migrant.e.s et réfugié.e.s.
L’Italie a fourni quatre navires de quarantaine ou hotspots flottants pour transférer les migrant.e.s sur la terre ferme. Mais cette approche augmente le risque d’infection. Le hotspot de Lampedusa, par exemple, est surpeuplé depuis des semaines avec 1.300 personnes alors que sa capacité maximum est de 200 personnes. Les conditions sanitaires sont critiques.
L’UE et ses Etats membres continuent de fermer les yeux et plusieurs d’entre eux violent le principe de non-refoulement ainsi que leurs obligations de recherche et de sauvetage. La Grèce continue de refouler des douzaines de personnes vers la Turquie à ses frontières maritimes et terrestres et la Croatie fait de même en repoussant les migrant.e.s sur la route des Balkans. Une fois de plus, les Etats ignorent le besoin urgent d’une approche de la migration fondée sur les droits humains qui assurerait le respect systématique du droit international et européen.
Lire le communiqué de presse ainsi que le briefing complet soumis par EuroMed Droits à la Commission européenne concernant le “Nouveau Pacte sur l’Asile et la Migration”