Considérant la détérioration des services de soins offerts par les hôpitaux publics et les centres de santé de base, détérioration qui a entraîné une aggravation des inégalités sociales et régionales de santé et qui a abouti à des services de santé à deux vitesses et au non respect du droit constitutionnel à la santé.
Considérant que les raisons de cette détérioration reviennent à la politique de désengagement de l’État des secteurs sociaux suivie depuis des décennies, laquelle a entraîné, une insuffisance de ressources matérielles et humaines affectées au secteur public, une distribution inéquitable et une mauvaise gestion de ces ressources, en même temps qu’une absence de planification stratégique et une centralisation excessive, le tout ayant abouti à une faible performance à tous les niveaux.
Considérant que cette détérioration s’est aggravée au cours de la dernière période et menace sérieusement le service public de santé d’effondrement, en raison principalement de l’augmentation considérable du déficit budgétaire des établissements sanitaires publics, de la détérioration des conditions de travail des professionnels, du départ des cadres spécialisés vers le secteur privé et vers l’étranger, ainsi que de la progression importante de l’activité privée des agents du secteur public et du phénomène de la corruption.
Les organisations signataires:
I) estiment que le secteur public de la santé est un acquis important de la Tunisie indépendante construit grâce aux efforts de plusieurs générations de cadres. Cet acquis ne doit pas être abandonné, mais soutenu et renforcé pour lui permettre de mettre en œuvre la couverture santé universelle et de réaliser le droit constitutionnel à la santé.
II) demandent au gouvernement :
d’établir et de mettre en œuvre un programme d’urgence, élaboré de manière participative avec des mécanismes de suivi transparents et bénéficiant d’une priorité de haut niveau, visant à trouver des solutions rapides et efficaces aux difficultés rencontrées par les malades, à la dégradation des conditions de travail des professionnels et au déficit budgétaire des établissements sanitaires.
d’ouvrir un dialogue approfondi et sérieux avec toutes les parties concernées pour élaborer une véritable stratégie rompant avec les politiques précédentes, visant à revaloriser le secteur public de la santé, pour qu’il soit en mesure d’assurer des soins curatifs et préventifs de qualité à toutes les couches de la population, pour qu’il soit en mesure d’être la référence de tous les établissements sanitaires du pays et pour qu’il puisse assurer une formation de qualité aux futures générations des cadres de la santé.
III) invitent les organisations de la société civile et tous les concernés par la problématique de la santé à sensibiliser et mobiliser l’opinion publique sur la nécessité urgente de réformer et de mettre à niveau le secteur public de la santé et à lancer des initiatives visant à créer une dynamique positive favorisant la mise en œuvre de mesures concrètes lui permettant d’améliorer ses performances et de jouer pleinement son rôle.
Premières organisations signataires :
– La Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme
– Le Réseau EuroMed Droits
– Le Forum Tunisien des Droits Économiques et Sociaux
– Mourakiboun
– L’Association Tunisienne des Femmes Démocrates
– Beity
– L’Association Tunisienne de Défense des Droits de l’Enfant
– Médecins du Monde Belgique-Section Tunisie
– Le Syndicat National ds Médecins, Pharmaciens et Dentistes Hospitalo-Universitaires (UGTT)
– Santé Sud
– L’Observatoire National des Inégalités Sociales de Santé
– L’Association Maghrébine de Santé et Sécurité Alimentair
– 20 Millions de consommateurs
– Le Groupe Tawhida Ben Cheikh
– L’Association de Défense des Libertés Individuelles
– L’Association Tunisienne de Promotion de la Citoyenneté
– L’Association Tunisienne de Défense du Secteur Public de la Santé
– L’Association Tunisienne de Défense du Droit à la Santé