Le vendredi 22 octobre dernier fut le jour choisi par le Ministère israélien de la Défense pour faire un pas supplémentaire dans le projet israélien de réduire au silence le mouvement palestinien des droits humains.
Par le biais d’un décret, Benny Gantz, le Ministre israélien de la Défense, a déclaré hors la loi six organisations de défense des droits humains et de la société civile en utilisant la loi antiterroriste de 2016 et en les qualifiant « d’organisations terroristes ». Les organisations visées sont l’organisation membre d’EuroMed Droits Al-Haq, Addameer, le Centre Bisan pour la recherche et le développement, l’Union des Comités de femmes palestiniennes, Defence for Children International – Palestine, et l’Union des Comités pour le travail agricole.
Cette annonce entraînera des conséquences désastreuses et sans précédent pour les organisations citées et pour l’ensemble de la communauté des droits humains active en Palestine.
Ces derniers jours, une vague de soutien aux organisations désignées et au mouvement palestinien des droits humains dans son ensemble est venue d’organisations internationales, de groupes de solidarité et des Nations unies. La campagne #StandWithThe6 a été lancée sur les médias sociaux pour exprimer l’indignation face à la criminalisation de la société civile palestinienne. Ces réactions étaient attendues, car le dernier acte du gouvernement israélien signifie, par exemple, que le personnel et les membres du conseil d’administration d’Al-Haq risquent désormais d’être arrêtés, et que les actifs financiers ou physiques des organisations peuvent être gelés ou confisqués. Toutes les organisations risquent d’être fermées définitivement.
Au-delà de l’impact désastreux pour ces organisations et leur personnel tel que décrit ci-dessus, la désignation comme « organisations terroristes » peut amener les soutiens financiers et politiques ainsi que d’autres organisations en Palestine, en Israël et à l’étranger à se détourner du soutien aux ONG palestiniennes. Des conséquences sur leur partenariat avec les organisations européennes, qu’il s’agisse d’organisations de la société civile, d’États ou d’agences de développement, sont aussi à prévoir.
Cette décision, qui laisse peu de marge de manœuvre sur le plan juridique, représente le point culminant de la campagne menée depuis de longues années par le gouvernement israélien pour saper et entraîner un définancement du travail des défenseurs des droits humains et de la société civile en Palestine. Une campagne pensée et conçue pour paralyser les voix qui luttent contre le régime d’apartheid israélien imposé aux Palestinien.ne.s.