Le 24 octobre 2021, à l’occasion de la 12ème Assemblée générale d’EuroMed Droits, les organisations membres et partenaires de l’organisation ont adopté la déclaration suivante pour alerter sur le caractère endémique, et en certains endroits la hausse, du racisme et de la discrimination dans la région euro-méditerranéenne :
Au cours de la dernière décennie, des expert.e.s et des militant.e.s de toute la région euro-méditerranéenne ont constaté que le racisme et la xénophobie sont endémiques dans toute la région.
En tant que membres et partenaires d’EuroMed Droits, nous nous inquiétons de ce phénomène. En Europe aujourd’hui, près d’une personne d’ascendance africaine sur trois est victime de harcèlement raciste, selon une étude réalisée par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA). Une personne sur quatre se sent victime de discrimination raciale lorsqu’elle cherche un emploi. Et une personne sur cinq est victime de discrimination lors de la recherche d’un logement. Même lorsqu’une politique ou une loi est censée ne pas être discriminatoire et s’appliquer à tou.te.s de la même manière, elle peut avoir un impact sur certains groupes plus que sur d’autres, comme les migrant.e.s, les personnes perçues comme étant d’origine sub-saharienne ou nord-africaine, et d’autres minorités ethniques.
Dans la région du sud et de l’est de la Méditerranée, le mélange historique des cultures et la diversité culturelle actuelle n’empêchent pas les comportements racistes de persister. On les observe dans les cadres législatifs discriminatoires et dans les fréquentes attaques racistes, les préjugés et les insultes exprimés contre les membres des communautés d’ascendance africaine et les populations migrantes qui se sont installées.
Les comportements racistes, bien souvent exacerbés par les discours politiques ou médiatiques, contribuent au sentiment général de division et d’inégalité ressenti dans la région euro-méditerranéenne. En se nourrissant de nos peurs, ces comportements et discours nous dressent les uns contre les autres et nous divisent.
En tant que membres actifs des sociétés civiles de nos pays respectifs, nous déclarons que cette situation n’est pas une fatalité. La région euro-méditerranéenne a récemment vu l’émergence d’une multitude de mouvements et d’initiatives antiracistes dynamiques et à multiples facettes. Nombre de ces initiatives semblent combiner l’activisme antiraciste local avec des appels mondiaux à la justice raciale et à la fin de l’oppression raciste structurelle. L’exemple peut-être le plus parlant de ce croisement prometteur entre l’activisme antiraciste mondial et local est celui de la réponse au meurtre brutal de George Floyd en mai 2020. Dans les mois qui ont suivi, des dizaines de milliers de citoyen.ne.s de toute la région euro-méditerranéenne sont descendues dans la rue et se sont exprimées sur Internet pour dénoncer le racisme systémique, la discrimination et la brutalité policière. Si leurs slogans et expressions font souvent écho à ceux des protagonistes mondiaux tels que le mouvement américain Black Lives Matter, leurs demandes vont au-delà de simples expressions de solidarité.
En effet, ils appellent les pays d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à regarder leur propre passé et à s’engager à prendre les mesures législatives et pratiques pour mettre fin au racisme structurel, à la ségrégation et à l’apartheid tel qu’il existe en Israël/Palestine.
En tant que réseau régional des droits humains, EuroMed Droits s’engage dans les années qui viennent à accroître ses efforts et à travailler en étroite collaboration avec ses partenaires dans toute la région pour combattre le racisme systémique et la discrimination sous toutes ses formes.