A la suite du nombre croissant des naufrages au large de la Tunisie et des manœuvres dangereuses des garde-côtes tunisiens et libyens, l’UE doit cesser de soutenir leurs pratiques.
Ces dernières semaines ont été marquées par un nombre croissant de décès et de disparitions au larges des côtes tunisiennes. Au moins 34 personnes migrantes subsahariennes étaient portées disparues le vendredi 24 mars après le naufrage de leur bateau. Cela porte le nombre de naufrages à cinq en deux jours et le nombre total de personnes disparues à 67.
A cela s’ajoute, la découverte de 29 corps de personnes migrantes, après le naufrage de trois embarcations au large de la côte du centre-est survenu le dimanche 26 mars 2023.
Des violences qui se multiplient
L’ONG Alarm Phone fait état de violences envers les personnes en détresse et l’abandon de personnes en mer par les garde-côtes tunisiens. Des saisies de moteurs des bateaux en pleine mer, qui entraînent des naufrages, sont dénoncés par plusieurs personnes rescapées.
En outre, le 25 mars 2023, alors qu’elle se dirigeait vers une embarcation en détresse avec environ 80 personnes à bord, l’équipe de SOS Méditerranée à bord de l’Ocean Viking a été menacée au moyen d’armes à feu par des garde-côtes libyens. Pour la deuxième fois cette année, l’équipe de SOS Méditerranée dénonce la mise en danger des personnes en détresse et des équipes qui leur viennent en aide.
Ces deux naufrages et les pratiques des garde-côtes tunisiens et libyens soulèvent de sérieuses questions quant à la responsabilité de l’UE et des États membres qui les soutiennent financièrement et sur le plan technique.
Le dangereux exemple italien
Dans le même temps, l’Italie mène une politique de répression contre les ONG de recherche et de sauvetage en mer. Le 26 mars, le navire Louise Michel a été arrêté dans le port de Lampedusa par les autorités italiennes parce qu’il a secouru d’autres bateaux en détresse alors qu’il était en route vers un port, violant ainsi un nouveau décret sur l’immigration.
Dans un décret daté du 17 mars, l’Italie a aussi confirmé la Tunisie dans la liste des soi-disant pays d’origine «sûrs », un concept très dangereux qui s’oppose à l’esprit de la Convention de 1951 relative au statut de réfugié en suggérant d’analyser de manière individuelle toute demande de protection internationale.
La visite en Tunisie lundi 27 mars prochain, du Commissaire Européen à l’économie, M. Paolo Gentiloni, afin de discuter avec le président tunisien des réformes envisageables pour éviter un effondrement de l’économie locale est une opportunité pour insister sur le respect des droits humains des personnes migrantes.
EuroMed Droits demande que ce respect s’applique dans toutes ses formes de coopération avec la Tunisie et les pays du Maghreb, notamment via :
- la cessation des pratiques de non-assistance en mer,
- l’augmentation des opérations de recherche et de sauvetage
- le renforcement des voies légales efficaces, comme solution pour éviter de nouvelles pertes de vies humaines.