Ces dernières années, sous l’effet des crises climatiques, de la présence croissante du secteur privé dans la vie quotidienne et d’une mondialisation sans précédent, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour demander aux entreprises du monde entier d’étudier les conséquences de leurs actions sur les droits humains et d’y remédier. Au-delà du rôle général que les entreprises jouent à l’égard des travailleurs, de l’environnement et de la communauté au sens large, il existe des contextes spécifiques où leurs activités contribuent à soutenir les violations des droits humains en cours ou, au contraire, à les combattre.
C’est le cas des entreprises qui opèrent dans des territoires militairement occupés – comme le territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Selon les derniers chiffres, 600.000 Israéliens vivent en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, protégés par les autorités militaires et étatiques israéliennes. Au total, 40% de la Cisjordanie est sous le contrôle direct des colonies israéliennes. La colonisation israélienne conduit à de graves violations du droit humanitaire international et cimente un système de violations flagrantes des droits humains et de discrimination institutionnalisée dont souffrent quotidiennement les Palestiniens résidant dans le territoire occupé. Les entreprises israéliennes et internationales n’ont pas manqué l’occasion de fournir des services aux colons israéliens, d’ouvrir des usines ou d’investir dans des entreprises lucratives.
Le 29 septembre 2021, une coalition de 25 organisations palestiniennes et européennes a publié un nouveau rapport (en anglais) détaillant la constellation complexe d’acteurs économiques israéliens, européens et internationaux présents dans les colonies et qui, pour l’essentiel, « facilitent le fonctionnement et la croissance des colonies israéliennes illégales ». En effet, cette coalition, qui comprend de nombreux membres d’EuroMed Droits, expose les liens entre les entreprises impliquées dans les colonies israéliennes et les institutions financières européennes. Selon les conclusions du rapport, entre 2018 et mai 2021, 672 institutions financières européennes ont eu des relations d’affaires avec 50 entreprises activement impliquées dans les colonies israéliennes. 114 milliards de dollars ont été fournis sous forme de prêts et de prises fermes, tandis que des investisseurs européens détenaient également 141 milliards de dollars en actions et obligations de ces entreprises.
Ces entreprises présentent un risque élevé d’être impliquées dans des violations du droit international humanitaire (DIH) et de se rendre complices de crimes de guerre. Une diligence accrue de leurs processus et activités, complétée par un désengagement direct lorsque des risques sont identifiés, est la norme mondiale en matière de responsabilité des entreprises. Les entreprises devraient s’y conformer afin d’éviter d’être engluées dans une situation peu reluisante de complicité de violations des droits humains. Le rapport indique également la voie à suivre, avec des exemples d’entreprises qui se sont désengagées du processus de colonisation israélienne.