Ne faisant pas exception au reste du monde, le Maroc continue de ressentir les effets positifs du mouvement #Metoo. En ligne de mire désormais : le monde universitaire marocain où l’omerta et le tabou sur le harcèlement sexuel ont toujours régné en maître.
Phénomène tristement connu dans le secteur de l’enseignement supérieur (notamment public), le harcèlement à l’université semble enfin être reconnu au niveau législatif. Un pas en avant qui s’est fait attendre !
Malgré des progrès législatifs avérés dans le domaine des droits et de la protection des femmes (cf. la loi anti-harcèlement promulguée en 2018), il a fallu attendre jusqu’à la fin de l’année 2021 et un séisme médiatique pour que le secteur universitaire entre, lui aussi, dans la danse. Lors du passage de 2021 à 2022, plusieurs affaires distinctes impliquant deux grandes écoles et une faculté marocaines (l’Ecole nationale de commerce et de gestion de la ville d’Oujda, l’Institut du roi Fahd de la traduction de Tanger et la Faculté de Settat) ont permis d’obtenir enfin une réaction législative à la mesure de la gravité des faits.
Motivées par la vague du mouvement #MeToo, dans un contexte marqué à la fois par le départ des islamistes du pouvoir, la propagation du nouveau variant de Covid-19 et la fermeture des frontières, les étudiantes marocaines victimes de harcèlement prennent désormais la parole sur les réseaux sociaux via les hashtags #metoouniv et #zero_tolerance. Faisant suite à ces publications en nombre, des dizaines de journaux locaux publient dans leurs colonnes le titre évocateur « Sexe contre bonnes notes », dénonçant par ce biais le harcèlement sexuel subi par ces étudiantes dans les trois établissements sus-mentionnés. Reprise au niveau international, l’information galvanise l’opinion publique et n’est pas sans conséquence.
Bilan des courses : un professeur écroué pour deux ans et quatre autres en attente de procès, des dizaines de cas de harcèlement sexuel enfin pris au sérieux, la mise en place de cellules de veille et de numéros gratuits dans plusieurs universités et un ministre de tutelle qui promet une tolérance zéro face au harcèlement, un soutien et une facilitation de l’accès à la justice pour les victimes. Et, surtout, la parole des étudiantes marocaines victimes de harcèlement est enfin libérée de ce tabou à l’université.