Le 25 novembre 2020, la Commission européenne a publié son troisième plan d’action pour l’égalité des sexes : « Une vision ambitieuse pour l’égalité entre les hommes et les femmes et l’autonomisation des femmes dans l’action extérieure de l’UE », plus communément appelé GAP III. Sans surprise, ce document subit déjà les foudres de la Pologne et de la Hongrie au sein du Conseil.
L’utilisation des termes « genre » et « égalité des sexes » est au centre des discussions. Les critiques contre ce plan illustrent la montée d’un nouveau paradigme politique qui rejette fondamentalement ce qui est considéré comme « libéral » ou « post-chrétien ». Ces voix critiques incarnent un profond rejet des droits des femmes et en particulier des droits LGBTIQ+.
EuroMed Droits a analysé les propositions contenues dans le plan d’action de l’UE et a envoyé ses recommandations aux différentes parties prenantes de l’UE. En tant que réseau, la préoccupation principale d’EuroMed Droits reflète celle de nombreuses ONG : nous devons contrer la réaction mondiale contre les droits des femmes et des LGBTIQ+.
L’espace disponible pour les organisations féministes et LGBTIQ+ se réduit tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’UE. Dans son analyse, EuroMed Droits dénonce les nouvelles formes de « société civile » utilisées par différents régimes pour empêcher les organisations féministes et LGBTI indépendantes de travailler. Par exemple, le rapport souligne le nombre croissant d’organisations anti-genre, qui ciblent toutes les politiques liées à « l‘idéologie de genre » tout en détournant les concepts féministes et de droits humains et en utilisant les forums de l’UE consacrés à la société civile. L’analyse attire également l’attention sur les organisations non gouvernementales organisées par les gouvernements (GONGO) qui peuvent servir aux régimes illibéraux et/ou autocratiques à présenter une façade « droits humains ».
L‘UE doit établir des critères solides afin d’éviter la participation d’organisations anti-genre ou GONGOs au détriment des organisations féministes. Ce que l’on peut observer au niveau du Conseil européen est l’illustration d’une nouvelle force politique importante qui s’affiche résolument contre l’idée d’égalité des sexes. L’UE devrait se rendre compte que ces régimes ne disparaîtront pas demain. Elle doit adopter une approche préventive en élaborant une stratégie pour contrer, de manière significative et durable, les idéologies illibérales et leur approche des questions de genre. Ce n’est qu’à cette condition que les organisations féministes et LGBTIQ+ pourront travailler en toute sécurité.