Par ce rapport conjoint la Fédération Internationale de Droits de l’Homme (FIDH) et le Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l’Homme (REMDH) visent à éclairer le lecteur sur le contexte répréhensible dans lequel les travailleurs migrants sont employés en Israël, et à recommander à l’État d’Israël de prendre des mesures immédiates contre les violations des droits de ces travailleurs.
Alors que la FIDH comme le REMDH savent bien que l’on fait appel à des travailleurs migrants dans tous les pays du Partenariat Euro-Méditerranéen, la situation en Israël présente cependant la particularité d’utiliser une main d’oeuvre migrante dans le but de remplacer les travailleurs palestiniens à l’intérieur des frontières d’Israël; cette politique n’est pas sans conséquence sur l’issue du conflit israélo-palestinien.
Comme beaucoup d’États à forte demande de main d’oeuvre, Israël a fait appel à une main d’oeuvre étrangère afin de tenir le rythme de son développement économique. Initialement, après la création de l’État d’Israël en 1948, ce sont les palestiniens d’Israël, et par la suite les palestiniens des Territoires Occupés (après l’occupation de Gaza et de la Cisjordanie en 1967), qui furent recrutés. Mais, depuis plus d’une décennie, on observe qu’en raison de la fermeture des points de passage et des refus d’octroi de permis de travail, comme autant de mesures punitives prises notamment pour des raisons de sécurité liées à la première et à la seconde Intifada, Israël a fait appel à des travailleurs migrants afin de remplacer les travailleurs Palestiniens, empêchés d’entrer en Israël.
Cependant, les conditions d’emploi des travailleurs migrants en Israël, venus pour la plupart d’Asie et d’Europe de l’Est, relèvent de l’exploitation, et constituent des violations systématiques et impunies des droits des travailleurs.
Ainsi, l’utilisation de travailleurs migrants en Israël est néfaste à deux titres : elle lèse les travailleurs eux-mêmes, dont les droits sont systématiquement violés en raison de la structure du marché du travail migrant, et elle lèse également les palestiniens, à la fois ceux qui viennent des Territoires Occupés et les palestiniens citoyens israéliens dont les conditions de travail et les moyens de subsistance sont étroitement contrôlés par l’occupation israélienne d’une part, et régulièrement soumises à des pratiques discriminatoires d’autre part.
En publiant ce rapport, la FIDH et le REMDH espèrent contribuer à une meilleure connaissance de la portée de l’occupation israélienne, et à mettre fin à l’impunité relative aux violations des droits des travailleurs migrants en Israël, quelle que soit leur origine.