Déclaration de soutien du Réseau EuroMed Droits à la Ligue des Droits de l’Homme (France) à la suite des propos de la Première ministre française et du Ministre de l’Intérieur.
En tant que premier réseau euro-méditerranéen de défense des droits humains, EuroMed Droits souhaite apporter tout son soutien à la Ligue des Droits de l’Homme suite aux récentes déclarations de la Première ministre française Elisabeth Borne et du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Interrogé lors d’une audition au Sénat, M. Darmanin a remis en cause les subventions publiques attribuées à la Ligue des Droits de l’Homme. Cette déclaration a été suivie, dans la soirée du 12 avril, par l’expression par la Première ministre « d’une incompréhension » quant aux prises de position de la Ligue.
A toutes fins utiles, nous souhaitons rappeler que la Ligue des Droits de l’Homme est aujourd’hui visée en raison de son travail d’observation et de recensement des violences policières à l’encontre des manifestant·e·s. Les droits de manifester et de grève sont respectivement protégés par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 et par la Constitution Française. Le travail de suivi effectué par la Ligue est donc utile et nécessaire au bon fonctionnement du processus démocratique.
La menace proférée, de la part d’un ministre régalien d’un état membre de l’Union européenne, contre l’une des plus anciennes organisations de défense des droits humains en Europe est une attaque directe contre la société civile et l’État de droit. La confusion supplémentaire semée par la Première ministre ne fait que renforcer l’impact négatif pour les organisations de la société civile en Europe et dans la région euro-méditerranéenne.
« La déclaration de Gérald Darmanin est des plus inquiétantes pour l’exercice démocratique. En tant que ministre de l’Intérieur, M. Darmanin est garant des libertés et des droits. En remettant en cause le travail d’observations des violences policières mené par la Ligue des Droits de l’Homme, M. Darmanin contribue à affaiblir l’espace de la société civile et jette le discrédit sur son travail de défense de l’État de droit. L’incompréhension exprimée par Mme Borne quant aux positions de la Ligue des Droits de l’Homme contribue davantage encore à l’affaiblissement de cette société civile dont nous avons plus que besoin »
a déclaré Wadih Al-Asmar, Président d’EuroMed Droits.
La menace proférée par M. Darmanin affaiblit également les valeurs et le message de soutien aux droits humains que devrait porter la France, membre fondateur de l’Union européenne, à l’international.
« A l’heure où les États de la région méditerranéenne connaissent une forte poussée autocratique et où une réponse démocratique européenne forte serait nécessaire, cette déclaration est un signal très inquiétant porté par deux haut-représentants du gouvernement français envers le travail essentiel mené par la société civile »
a ajouté Rasmus Boserup, Directeur exécutif d’EuroMed Droits.