Le Danemark et son style de vie « hygge » est rarement mentionné lorsqu’il s’agit d’évoquer les violations des droits humains. Et pourtant, une note d’information, soumise par EuroMed Droits et 25 organisations de la société civile au Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies en vue de l’Examen Périodique Universel du Danemark en mai 2021, révèle des problèmes qui doivent être rapidement pris en compte.
Cette note propose des recommandations concernant 41 sujets de préoccupation, dont trois sont présentés dans cet article.
Premièrement, le Danemark doit faire mieux concernant la violence fondée sur le genre. Le taux de féminicide au Danemark est parmi les plus élevés en Europe. Les féminicides commis par le partenaire est le crime le plus commis au Danemark. Pourtant, la législation danoise actuelle ne reconnaît pas la nature genrée de ce type de violence.
Deuxièmement, il est urgent d’agir pour contrer les discriminations basées sur l’ethnicité ou le statut socio-économique. La législation anti-discrimination danoise n’est pas complète et ce, malgré le fait que les discriminations à l’encontre des minorités restent nombreuses. Beaucoup d’immigrant.e.s et de descendant.e.s de personnes originaires de pays « non-occidentaux » font face à des obstacles lorsqu’ils essaient d’entrer sur les marchés du travail ou du logement danois. Cela est notamment imputable à des écarts en matière d’éducation, aux barrières linguistiques, au manque d’expérience professionnelle (notamment pour les femmes) et à de mauvaises conditions de santé. Le nombre de crimes haineux liés à l’ethnicité ou à la religion a augmenté de 27% entre 2018 et 2019.
Les grandes zones urbaines ont été catégorisées en « quartiers défavorisés » depuis 2010 sur la base de critères tels que le taux de chômage, le taux de criminalité et le passé migratoire. Les logements sociaux sont de moins en moins disponibles dans ces zones, une situation qui stigmatise particulièrement les personnes issues de minorité ethniques et qui alimente les préjudices raciaux et l’intolérance.
En 2015, le gouvernement danois a décidé de ne plus définir le seuil de pauvreté au niveau national. Mais l’abolition administrative de la pauvreté ne résout pas le problème : selon la définition de la pauvreté par l’OCDE, 16,3% de la population adulte danoise était dans une situation de pauvreté et d’exclusion sociale en 2019.
Enfin, les réfugié.e.s et les demandeurs.ses d’asile se voient refuser leur droit à avoir une vie de famille et à une protection sociale adéquate. Le regroupement familial est devenu plus difficile ; les permis de séjour sont émis pour des périodes plus courtes que précédemment et, ces dernières années, les bénéfices sociaux pour les réfugié.e.s ont été réduits. Les familles de réfugié.e.s font de plus en plus face à un risque d’appauvrissement.
Lire le briefing soumis pour l’EPU (en anglais).