Le COVID-19 touche aussi hotspots et centres de détention

Le COVID-19 aggrave la situation déjà vulnérable des migrant.e.s et des réfugié.e.s détenu.e.s dans les hotspots et centres de détention en Grèce, Italie et Espagne.

Sur l’île italienne de Lampedusa, les migrant.e.s secouru.e.s en mer ont été laissé.e.s pendant des jours sur le quai en attendant d’être transféré.e.s vers la péninsule parce que le hotspot était complet. Le Garant national pour les droits des personnes détenues en Italie, ainsi que l’ONG Sea-Watch, ont exprimé leur plus profonde inquiétude face à cette situation. Suite au décret du 7 avril sur le « lieu de sécurité » et à la communication de l’Unité italienne de protection civile du 12 avril, l’Italie a décidé d’affréter des « bateaux de quarantaine », c’est-à-dire des hotspots flottants pour les migrant.e.s sauvé.e.s en mer par les ONG menant des opérations de recherche et de sauvetage.

Malte a adopté une approche similaire en fermant ses ports, en les déclarant peu sûrs. Le pays a également commencé à détenir des migrant.e.s secouru.e.s en mer sur deux bateaux au large, juste en dehors de ses eaux territoriales. À Melilla, l’autre « porte de l’Europe », 600 Tunisien.ne.s risquent d’être expulsé.e.s vers un centre d’accueil temporaire pour l’immigration qui est congestionné, ce qui est dénoncé par des organisations espagnoles et tunisiennes.

Des protestations ont éclaté dans des centres de rétention de migrant.e.s en France, en Tunisie et à Chypre, où aucune mesure d’éloignement et d’hygiène n’a été prise. Des organisations en Bulgarie ont dénoncé l’arbitraire quant à l’accès des avocats et visiteurs extérieurs aux centres de détention et de réception. En Hongrie, à la frontière serbe, entre 350 et 400 demandeur.se.s d’asile – pour la plupart des enfants ou des mineur.e.s non accompagné.e.s – sont détenu.e.s dans une « zone de transit ». Cette détention a été déclarée illégale et assimilée à une « privation de liberté » dans une décision récente de la Cour de justice de l’Union européenne.

Plusieurs appels à la libération immédiate des migrant.e.s détenu.e.s ont été lancés dans toute la région euro-méditerranéenne. En Belgique, des avocat.e.s et des organisations de la société civile (OSC) ont demandé la libération de tous les migrant.e.s détenu.e.s dans des centres de détention. L’impossibilité de procéder à des retours dans le contexte de la pandémie a conduit les OSC à demander la fermeture totale des centres, comme cela s’est produit en Espagne. En Grèce, les OSC ont exprimé de sérieuses préoccupations concernant la récente loi modifiant la législation sur l’asile, qui prévoit la possibilité de généraliser les mesures de détention.

Le Parlement européen, des organisations intergouvernementales et diverses agences des Nations unies (ONU) se sont également mobilisés. Les membres de la sous-commission des droits de l’Homme du Parlement européen ont souligné que la pandémie risquait d’aggraver la situation des droits humains dans les centres de détention ; les Commissaires aux droits de l’Homme des Nations unies et du Conseil de l’Europe ont tous deux appelé les gouvernements à « libérer les détenus de l’immigration » ; des experts de l’ONU ont déclaré que le COVID-19 ne pouvait pas être utilisé comme « excuse pour une privation illégale de liberté ». Dans une note d’information, le groupe de travail du Réseau Migration des Nations unies sur les alternatives à la détention des migrants a demandé aux gouvernements de mettre fin aux nouvelles détentions et de libérer les personnes actuellement détenues.