Ces derniers jours, les tensions se sont intensifiées à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie.
Des centaines de migrant.e.s et réfugié.e.s qui tentaient de franchir le point de frontière de Kuźnica-Bruzgi vers la Pologne sont resté.e.s bloqué.e.s à la frontière. La Pologne a refusé de les laisser entrer et a déployé plus de 12 000 soldats à sa frontière.
Depuis juillet 2021, des milliers de migrant.e.s et réfugié.e.s originaires de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak et de Turquie ont été instrumentalisé.e.s par la Biélorussie pour faire pression sur l’UE, et poussé.e.s aux frontières avec la Pologne, la Lettonie et la Lituanie. La Biélorussie adopte ainsi la même logique de chantage que celle utilisée précédemment par certains pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée, comme la Turquie ou le Maroc, consistant à utiliser les migrant.e.s comme monnaie d’échange pour suivre des intérêts géopolitiques ou économiques.
Des centaines de personnes ont été forcées à se réfugier pendant des semaines dans les bois alentours aux frontières de la Biélorussie avec la Pologne et la Lituanie, sans nourriture ni eau, restant bloquées dans des conditions inhumaines. Au moins dix personnes sont déjà mortes à ce jour, soit d’hypothermie, soit noyées dans la rivière Bug.
Des refoulements et des violences ont également été documentées aux frontières lituanienne et lettone, où des migrant.e.s – dont des femmes et des enfants – sont détenu.e.s et refoulé.e.s depuis août 2021.
Le 11 août 2021, la Commission européenne a annoncé qu’elle verserait à la Lituanie 36,7 millions d’euros pour soutenir la gestion des migrations, notamment la mise en place d’abris, de soins médicaux et de procédures d’asile. Or, début novembre, la Lituanie a commencé à construire une clôture en acier de fil barbelé de 3,4 mètres de haut à sa frontière avec la Biélorussie, en vue d’achever une clôture de 500 km d’ici septembre 2022.
Le 25 août 2021, la Cour européenne des droits humains a rendu une ordonnance provisoire demandant à la Lettonie et à la Pologne de fournir aux réfugié.e.s irakien.ne.s et afghan.e.s bloqué.e.s à la frontière avec la Biélorussie « de la nourriture, de l’eau, des vêtements, des soins médicaux adéquats et, si possible, un abri temporaire », précisant que « cette mesure ne doit pas être comprise comme exigeant que la Pologne ou la Lettonie laissent les requérants entrer sur leur territoire ».
EuroMed Droits demande à l’UE d’exhorter les autorités polonaises, lettones et lituaniennes à cesser les refoulements et à permettre aux migrant.e.s et réfugié.e.s bloqué.e.s à la frontière d’accéder à leurs territoires ainsi qu’aux procédures d’asile adéquates.
Les migrant.e.s et les réfugié.e.s ne doivent plus être un instrument de pression dans une logique de chantage qui semble s’étendre de plus en plus à toutes les frontières intérieures et extérieures européennes.
Ce communiqué est disponible en turc grâce à une traduction de courtoisie par le membre d’EuroMed Droits en Turquie, IHD: https://www.ihd.org.tr/euromed-rightstan-ab-belarus-siniri-aciklamasi-tel-orguler-geri-itmeler-ve-insan-haklari-ihlalleri/